« Demain ne meurt jamais », la thématique centrale de l’université d’été du Medef cette année est claire : il faut croire en l’avenir, même quand les indicateurs ne sont pas tous au beau fixe. Les chefs d’entreprise présents à l’hippodrome de Longchamp, à Paris, gardent de fait un optimisme relatif pour la rentrée en dépit d’une visibilité réduite.
Entre inflation galopante et crise énergétique, sources d’instabilité, les patrons ont pourtant de bonnes raisons de s’interroger sur l’avenir. « On est optimiste malgré des facteurs d’incertitudes en toile de fond », résume Olivier Grisez, directeur général de Loxam France, qui parle d’un « monde instable » et difficile à anticiper. Même constat pour Johann Duhoo, directeur des opérations chez Leroy Seafood France, se plaignant d’un « manque de visibilité, nécessaire à toutes entreprises pour croître ».
« Il faudra bien payer le quoi qu’il en coûte »
Outre la conjoncture économique aux perspectives assombries, les patrons s’interrogent sur les mesures que l’exécutif adoptera pour la rentrée. « Comme chaque année, je suis inquiet pour le PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale, NDLR] », raconte Alain Monteux, président de Tunstall, entreprise spécialisée dans les services de soins numériques. Ce dernier craint avant tout l’arrivée « de taxes ou impôts qui viendraient gâcher la rentrée ».
« Il faudra bien payer le ‘quoi qu’il en coûte’ de Macron », renchérit François Massardier, fondateur de Calif, entreprise de conseil en affaires publiques. Maxime Aiach, président et fondateur de Domia Group (Acadomia/Shiva) voit même une « bombe à retardement » dans le déficit budgétaire.
Mobilisation massive du gouvernement
Pourtant, le gouvernement a tout fait pour rassurer le patronat à l’université d’été du Medef. Avec un message vidéo d’Emmanuel Macron en introduction, suivi d’un discours d’Elisabeth Borne et la présence de plusieurs ministres, l’exécutif a mis le paquet pour montrer son soutien et redonner confiance aux patrons, ce que certains d’entre eux attendaient vivement.
« Ils ont besoin d’être rassurés. Les patrons font des appels du pied aux politiques pour avoir une vision à long terme et une meilleure visibilité », souligne Alberto Scotti, de l’Alliance des patronats francophones. « On attend des réponses concrètes », confirme Olivier Grisez, faisant référence au calendrier encore évasif du gouvernement sur la suppression de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE).
Dernier point d’achoppement rencontré par les chefs d’entreprise : l’emploi. Bien que l’indicateur du climat des affaires de l’Insee soit passé sous sa moyenne de long terme en août, certains veulent rester optimistes. « En France, on soutient les entreprises », se réjouit Anthony Grinter, fondateur de la start-up Weo qui va relocaliser une partie de ses opérations dans l’Hexagone. Les patrons ont même reçu le soutien du pape François dans une lettre adressée aux entrepreneurs de France.