La baisse des prix n’est pas pour tout de suite. En août, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 4,8% sur un an, contre 4,3% le mois précédent, évalue l’Insee. Cette accélération de la hausse des prix est une première depuis le mois d’avril. Elle est notamment due à la hausse de 10% du tarif réglementé de l’électricité au 1er août, détaille l’Institut national de la statistique et des études économiques.
L’inflation énergétique s’est ainsi établie à 6,8% sur un an en août, après une baisse des prix de 3,7% en juillet. Principaux moteurs de l’inflation ces derniers mois, les prix alimentaires ont bondi de 11,1% sur un an, une envolée moins rapide qu’en juillet (12,7%). L’Insee constate que les produits frais se sont renchéris de 9,1% sur un an en août (contre 10,6% en juillet). Les autres produits alimentaires coûtent 11,5% plus cher qu’en août 2022 (+13% sur un an en juillet).
Du côté des produits manufacturés (+3,1% sur un an), comme des services (+2,9%), la hausse des prix s’est poursuivie en août à un rythme plus lent qu’en juillet. Le tabac s’est, quant à lui, renchéri de 9,9% sur un an, après 9,8% en juillet.
Indicateur de référence pour les comparaisons entre pays européens, l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) a augmenté de 5,7% sur un an en août (5,1% en juillet).
Cette nouvelle publication de l’Insee, qui doit publier mi-septembre une seconde estimation de l’inflation au mois d’août, intervient alors que le gouvernement a convoqué les distributeurs et industriels de l’agroalimentaire depuis mercredi. Objectif affiché, obtenir de ces acteurs qu’ils consentent à des rabais plus importants pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages.
Une baisse des prix alimentaires serait toutefois difficile à entrevoir avant, au plus tôt, mars 2024 et la fin des prochaines négociations avec les industriels si le gouvernement ne pousse pas ces derniers à renégocier d’ici là, ont plaidé les distributeurs mercredi lors d’une réunion à Bercy.
Relancer les négociations annuelles avec les industriels
« On a demandé à pouvoir renégocier vraiment et le plus vite possible » pour répercuter dans les rayons des supermarchés la baisse des coûts de production de nombreuses denrées, a expliqué à l’AFP le délégué général de la fédération patronale de la grande distribution (FCD), Jacques Creyssel, à l’issue de cette réunion avec le ministre de l’Economie Bruno Le Maire et la ministre déléguée notamment au Commerce Olivia Grégoire.
« L’enjeu est de faire en sorte que les grands industriels, notamment étrangers, veuillent bien enclencher les renégociations pour ne pas attendre mars prochain », a encore martelé Jacques Creyssel. « Cela peut passer par la loi ou par un accord avec un engagement de la part des industriels, comme notre secteur l’avait fait l’an dernier » quand les coûts de production étaient cette fois orientés très à la hausse.
Sans cela, « on espère pour mars » une baisse des prix des produits alimentaires en magasin, avait précédemment déclaré sur RTL le patron du groupement Intermarché Thierry Cotillard. « Le grand rendez-vous, c’est mars prochain, en attendant on prend nos responsabilités », a abondé sur Radio Classique le président de Système U, Dominique Schelcher, soulignant que d’ici-là « sur les grandes marques, rien ne va bouger ».
Chaque année, les supermarchés et leurs fournisseurs de l’agro-industrie négocient de décembre jusqu’au 1er mars les conditions de vente d’une large partie des produits vendus tout le reste de l’année en grandes surfaces. Lors du dernier épisode conclu en mars dernier, le prix moyen payé par les supermarchés aux industriels s’est apprécié de 9%. Mais le prix d’un certain nombre de matières premières a décru depuis. Résultat, le gouvernement a appelé les différentes parties à se remettre autour de la table des négociations.
Mais « sur 75 multinationales, une dizaine seulement avait répondu à l’appel de Bruno Le Maire » de baisser les prix, a déclaré mercredi dans un message à l’AFP le directeur exécutif achat et marketing de Lidl France Michel Biero. Le PDG de Carrefour Alexandre Bompard, également nouveau président de la FCD, avait aussi expliqué mardi demander « un moratoire » sur l’application de la loi Descrozaille, qui encadre les promotions des produits de soin et d’hygiène et doit entrer en vigueur en mars 2024. Le gouvernement serait favorable à avancer les négociations annuelles sur les prix entre les distributeurs et les industriels, a indiqué une source auprès de Reuters.
Le PIB progresse de 0,5% au deuxième trimestre
La France a vu son produit intérieur brut (PIB) augmenter de 0,5% par rapport au trimestre précédent, a indiqué l’Insee, confirmant une première estimation. Ce rebond de l’activité économique française entre avril et juin fait suite à une atonie (0% d’évolution) du PIB au premier trimestre, dont la croissance a été révisée en baisse de 0,1 point par l’Institut national de la statistique.
Il repose sur la bonne tenue du commerce extérieur, même si les importations ont été plus importantes qu’estimé initialement, notamment pour les produits énergétiques. À l’opposé, la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance, a fléchi de 0,5% sous l’effet d’un repli marqué dans l’alimentaire (-2,8%), toujours affecté par une inflation à deux chiffres.
Dans le même temps, le pouvoir d’achat des ménages ayant un peu augmenté, sous l’effet d’une baisse des prélèvements fiscaux et d’une progression des prestations sociales, le taux d’épargne a progressé à 18,8%, contre 18,2% au trimestre précédent – un mauvais signe pour la consommation. Les investissements des entreprises ont diminué légèrement (-0,1%), tirés vers le bas par le secteur de la construction, dans un contexte de hausse des taux d’intérêts destinée à lutter contre l’inflation.
(Avec agences)