Alors que la réforme des retraites est entrée en application, au 1er septembre, certains vont devoir se montrer patients pour voir leurs petites pensions revalorisées. En effet, seul un tiers des 1,7 million de retraités concernés en bénéficieront dès cet automne, les autres en seront quitte pour patienter. Cette revalorisation est de 100 euros par mois pour une carrière complète au Smic, un montant proratisé pour les carrières incomplètes.
La réforme des retraites est rentrée en vigueur ce jour avec « 83% des textes d’application » des mesures publiés, a précisé Olivier Dussopt. « Il y a quelques mesures qui vont entrer en vigueur uniquement en 2024, voire en 2025, et donc les décrets vont être publiés dans les prochaines semaines ».
Le gouvernement n’a pas le droit à l’erreur dans la mise en pratique de cette réforme durement contestée. Entre la promulgation de la loi mi-avril et ce vendredi 1er septembre, administrations et caisses de retraite ont dû mettre les bouchées doubles pour rédiger, intégrer ou transcrire les nouvelles règles du jeu en matière de retraite. « On est dans le calendrier prévu. Les dossiers sortent à un bon rythme, les stocks sont même plus bas » qu’anticipé et « environ 70%” auront été traités fin août pour les départs imminents », s’est réjoui mardi auprès de l’AFP le directeur général de la Cnav (Caisse nationale d’assurance vieillesse), Renaud Villard. « Les équipes ont été formées, accompagnées, renforcées », a-t-il rappelé, anticipant une « probable » hausse des appels des assurés « en septembre-octobre ».
Les syndicats dénoncent des agents épuisés « qui craquent »
« Nul ne peut dire si ça va bien ou très mal se passer », réplique Florence Puget, représentante de la CFDT Protection sociale. « Très politique », l’échéance du 1er septembre a été « mal choisie » pour les caisses de retraite qui, en sous-effectif pendant les vacances, ont dû absorber « une masse d’informations et de travail énorme ». Handicapées par les dysfonctionnements d’un nouveau système informatique, elles avaient déjà « accumulé du stock » de dossiers en retard l’an dernier. Outre des réunions ou webinaires, les agents « n’ont pas eu de réelle formation et sont livrés à eux-mêmes sur certaines situations », pour lesquelles des décrets ou fiches techniques « sont encore en train d’être rédigées », abonde Karim El Hachmi, représentant de l’Unsa.
Le logiciel n’étant « pas fiable », les agents « travaillent un jour par semaine sur l’ancien », avec un « risque d’erreur accru », témoigne aussi François Belloir, délégué CFDT à la Carsat (Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail) de Bretagne. Perdus face aux nouvelles règles, « certains assurés sont désemparés ». Et des agents épuisés « craquent », alerte-t-il, pointant « une hausse des arrêts maladie ». À la Cnav, Renaud Villard assure « ne pas mésestimer la charge mentale » pour les agents. Mais ne constate « aucune augmentation » des arrêts.
(Avec AFP)