Croissance, chômage : la Banque de France se démarque de Bercy

Dans ses dernières prévisions publiées,, l'institution monétaire prévoit une hausse du PIB de 0,9 % en 2024, soit 0,5 point de moins que le gouvernement. Le taux de chômage remonterait l'an prochain.


Pointant la récession en Allemagne, les difficultés en Chine et des taux d’intérêt élevés, Bercy vient de revoir sa prévision de croissance pour 2024 à la baisse . Et vise désormais une progression de l’activité de 1,4 % contre 1,6 % précédemment. Mais cet objectif est encore trop optimiste aux yeux de la Banque de France.

Dans ses dernières projections publiées, l’institution monétaire table en effet sur une hausse du PIB de 0,9 % l’an prochain, – soit 0,5 point de moins que le gouvernement. Le consensus des économistes en septembre est encore plus bas, à 0,7 %. Bercy n’ayant pas livré les détails de son estimation, il est difficile de savoir d’où vient l’écart.

« Ni rechute de la croissance ni accélération »

En dépit des nombreux aléas qui entourent la prévision, le scénario privilégié par la Banque de France est clair : c’est celui de « la désinflation sans rechute de la croissance, ni accélération », a souligné Olivier Garnier, chef économiste de l’institution, qui a aussi revu en hausse de 0,2 point, à 0,9 %, sa projection pour 2023.

Alors que les exportations soutiendront les performances tricolores cette année, la dégradation attendue de la demande mondiale adressée à la France devrait, selon lui, peser sur la reprise économique du pays. Les nouvelles prévisions de la Banque de France surviennent à un moment sensible: le Haut Conseil des finances publiques débat actuellement du scénario macroéconomique du projet de loi de finances 2024. Il rendra son avis le 27 septembre.

Reflux de l’inflation

L’année 2024 devrait confirmer par ailleurs le reflux de l’inflation. Le rebond des cours du pétrole a contraint la Banque de France à revoir légèrement à la hausse sa prévision d’inflation moyenne pour l’année, à 5,8 % mesurée en IPCH (l’indice permettant les comparaisons européennes). En glissement annuel, l’inflation se situerait à 4,5 % au quatrième trimestre 2023. Hors nouveaux chocs sur les matières premières, elle atteindrait en moyenne 2,6 % en 2024 – ce qui n’est pas très éloigné de la prévision du gouvernement – puis descendrait à moins de 2 % en 2025.

La bonne nouvelle est que l’inflation « sous-jacente » (hors énergie et alimentation) – celle qui est scrutée par les banques centrales – serait plus basse qu’envisagé avant l’été. « Mais il faut encore s’attendre à des hausses des prix des services d’ici à la fin de l’année. Le pic ne sera atteint qu’en 2024 », a prévenu Olivier Garnier.

Alors que beaucoup d’économistes de banque doutent de la reprise de la consommation dès l’an prochain, la Banque de France est sur la même ligne que Bercy. Selon elle, le ralentissement de la hausse des prix va redonner des marges de manoeuvre aux Français. Après une année de stagnation, les dépenses des ménages, progresseraient nettement de 1,8 % en 2024, puis de +1,5 % en 2025, année où le PIB augmenterait de 1 %.

Baisse du taux d’épargne

Après avoir atteint des sommets, le taux d’épargne diminuerait enfin, mais sans retrouver son niveau pré-Covid. Il atteindrait ainsi 16,6 % du revenu disponible en 2025. La consommation serait également soutenue par le redressement du pouvoir d’achat. Calculé par habitant, il augmenterait de 0,6 % en 2023 et de 0,7 % en 2024, porté par une progression des salaires nominaux sensiblement plus rapide que l’inflation (4,2 % en 2024).

Dans le contexte de taux d’intérêt élevés, l’investissement des ménages et des administrations publiques reculerait en revanche, à la différence de celui des entreprises qui résisterait. « La situation des ménages et des entreprises a été préservée, car ce sont les finances publiques qui ont supporté le choc négatif de la dégradation des termes de l’échange », a souligné Olivier Garnier. La contrepartie est un taux d’endettement public qui demeurerait autour de 110 % en 2025, soit « un niveau nettement plus élevé que la moyenne de la zone euro, soit 88,5 % qui lui, baisserait d’environ 3 points entre 2022 et 2025 ».

L’affaiblissement durable de la croissance économique devrait commencer à peser sur le marché du travail. Alors que le gouvernement vise le plein-emploi à horizon 2027 (soit un taux de chômage à 5 %), la Banque de France anticipe une remontée du taux de chômage de 7,2 % cette année à 7,5 % en 2024 – et même à 7,8 % en 2025, l’économie française devant faire face dès l’an prochain à quelque 60.000 destructions d’emplois.


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