Le ministre du Commerce australien, Don Farrell, s’est réjoui d’une nouvelle levée des taxes douanières chinoises. Après les grumes de bois et l’orge , la Chine vient de supprimer les barrières au foin australien.
Elles avaient fait chuter les ventes entre les deux pays de 100 millions d’euros en 2020 à 50 millions aujourd’hui. « Un autre pas positif en avant », a déclaré le ministre, saluant les discussions en cours avec la Chine.
Visite à Pékin
Les négociations se poursuivent sur d’autres produits australiens comme le boeuf, le vin ou le homard, suggérant une normalisation des relations commerciales entre les deux pays. Le Premier ministre travailliste Anthony Albanese devrait même rencontrer le président chinois, Xi Jinping, en fin d’année, à Pékin.
La défense, en revanche, reste une pierre d’achoppement entre les deux pays. Le ministre de la Défense, Richard Marles, a fait part du redéploiement de centaines de militaires vers trois bases au nord-est du pays à Darwin, Brisbane et Townsville, au cours des dix prochaines années.
Nouvelle vision stratégique
Cette « restructuration majeure » des troupes traduit la nouvelle vision stratégique de Canberra face au renforcement militaire de la Chine dans la région.
L’armée australienne « s’adapte aux défis de notre époque », a expliqué Richard Marles, « elle disposera d’une concentration de personnel et de capacités au nord de l’Australie, pour faciliter des déploiements pour des entraînements, des exercices majeurs ou soutenir nos partenaires et alliés dans la région », a poursuivi le ministre, sans toutefois citer la Chine.
Comment l’Australie parvient-elle à naviguer dans sa relation avec la république populaire dont la sphère d’influence ne cesse de croître dans son pourtour immédiat ? « Le commerce doit passer après la sécurité », résume Malcolm Davis, analyste spécialisé en défense à l’Australian Strategic Policy Institute.
Mieux se préparer à agir
« Nous voulons continuer à discuter de sujets où il y a des bénéfices mutuels, comme le commerce. Mais nous n’allons pas revenir à l’époque dorée de 2012 à 2016 où Xi Jinping était invité au Parlement et où la Chine était considérée comme un partenaire commercial. Il y a la prise en compte du fait que la Chine veut revoir l’ordre mondial établi », expose-t-il.
La défense australienne « avance ses positions pour être mieux préparée à agir au nord du pays en cas de changement, comme une présence chinoise hostile à notre encontre, en mer de Chine, à Taïwan ou même dans la péninsule coréenne », explique-t-il.
Argument de négociation
Selon lui, Canberra doit faire preuve de prudence si la Chine utilise la reprise du commerce comme argument de négociation. « Il est bien possible que les Chinois nous disent que pour exporter à nouveau du vin, nous devons faire des concessions. Il faut éviter d’être acculés à en faire sur la sécurité », pointe l’analyste. « Pouvons-nous dissuader Xi d’utiliser la force contre Taïwan ? Si ce n’est pas le cas, nous devons être à même de répondre aux défis qui en découlent », conclut-il.