À l’occasion des deux ans de France 2030, un plan de 54 milliards d’euros destinés à relancer l’industrie en France, le président de la République a dévoilé les prochaines étapes du plan. L’enveloppe financière reste, elle, inchangée alors qu’en deux ans la moitié des budgets ont été engagés et porte sur plus de 3000 projets dans toute la France. Sept défis ont été lancés par Emmanuel Macron, après la mise en scène d’un premier bilan, matérialisé par des témoignages d’entreprises.
Le chef de l’État a mis en perspective les sept nouveaux défis de France 2030. «Nous pouvons rester une grande nation de l’aéronautique» a-t-il rappelé dans le fief d’Airbus, en insistant sur les opportunités portées par l’avion décarboné. L’occasion aussi pour le président de la République de défendre sa politique : «on ne peut pas vouloir de l’innovation et de la réindustrialisation en augmentant les taxes et sans réformer». Il a insisté sur les trois objectifs : la souveraineté, le plein-emploi et la décarbonation, en insistant sur l’importance d’agir sur les trois axes en même temps. Même s’il s’est félicité des grands succès emportés dans divers domaines, le Président a relativisé en mettant en perspectives les avancées avec celles beaucoup plus raides et volontaristes des Chinois et des Français.
Pour aller «plus vite, plus fort» dans l’énergie, une programmation sera dévoilée à la rentrée, afin de disposer d’une énergie qui corresponde à nos moyens de production, ce qui a sous-tendu toutes les discussions entre EDF et l’État. L’objectif étant de protéger les consommateurs des à-coups du marché en étant compétitifs. Accélérer, cela signifie aussi produire «plus vite», il a ouvert la chasse «au coût caché, qui est celui de la lenteur». Dès le début de l’année prochaine une série de dispositions «très concrètes» devront être proposées pour notamment améliorer les performances de l’administration. «On ne peut pas avoir des procédures deux fois plus longues que celle de nos concurrents Asiatiques et Américains».
France 2030 a beaucoup de projets énergétiques, des textes et des réformes européennes sont aussi attendus. Les axes sont simples : sobriété, renouvelable et nucléaire :
- Accélérer la décarbonation grâce au stockage d’énergies moyen et long terme et au nucléaire innovant, dont la fusion. Celle-ci «représente une voie à explorer». Ce processus est équivalent à la réaction nucléaire qui alimente le cœur des étoiles, comme notre soleil. La fission et le développement d’aimants supraconducteurs vont renforcer le dispositif. Le développement des énergies renouvelables implique aussi de développer de nouvelles solutions de stockage de l’énergie. Le président a aussi mis en perspective l’implantation d’usines de batteries, qui viennent répondre aux préoccupations des constructeurs automobiles, afin de ne pas reposer sur des importations chinoises.
Bilan à date : 4 usines de batteries, et dans le nucléaire 8 projets de SMR (small modular reactor) sélectionnés dans le cadre du plan France 2030.
Porteurs de projets : Naarea, Newcleo, Jimmy Energy, Renaissance Fusion, Calogena, Hewana, Otrera Nuclear Energy, Blue Capsule, CEOG, Tecsup.
- Hydrogène naturel : alors que l’hydrogène s’impose de plus en plus dans le paysage comme un des principaux vecteurs de décarbonation de l’industrie lourde, le gouvernement se penche sur les gisements de ce gaz en France. L’objectif est de lancer dès 2024 des missions d’exploration pour comprendre dans quelle mesure l’hydrogène naturel est disponible sur notre territoire, afin de signer la fin des énergies fossiles. «Plusieurs sites en France pourraient recéler des réserves d’hydrogène naturel. Des demandes de permis de recherche sont en cours pour des gisements potentiels dans les Pyrénées Atlantiques et la région Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que sur un site récemment identifié en Moselle, dans le bassin minier».
Bilan à date : un plan de 9 milliards d’euros, 4 gigafactories et une filière qui monte en puissance.
Porteurs de projets : 45-8, Genvia, Symbio
- Le captage, le transport et le stockage de carbone sont une piste envisagée pour lutter contre les gaz à effet de serre. L’idée est de capter le CO2 dont l’émission ne peut être évitée. Aujourd’hui, certaines technologies le permettent. La capture permet aussi de réutiliser le carbone pour produire des carburants plus durables.
Bilan à date : Sécurisation d’une réduction de 6,6 millions de tonnes de CO2 par an.
Porteurs de projets : Equiom, Dioxycycle, K6.
- Cartographier nos ressources en métaux critiques, pour sécuriser les approvisionnements. Ainsi 20% de nos besoins en lithium sont déjà sécurisés à date. N
Bilan à date : Création d’un fonds métaux critiques français d’une taille cible de 2 Milliards d’euros abondé à hauteur de 500 millions par l’État. Soutien de 17 projets dans la filière.
Objectif : d’ici à 2030, maîtriser l’ensemble des ressources stratégiques sur notre sol, ainsi que leur recyclage et réemploi.
Porteurs de projets : Imerys, Viridian, Eramet, Sanou Koura, WeeCycling
- Bioproduction et technologies du vivant, notamment pour appuyer la découverte de nouveaux médicaments et soutenir la prévention en matière de santé. Il s’agit de croiser les mathématiques, l’informatique, le quantique, la biologie ou encore la médecine. «La prévention doit revenir au cœur de notre système de santé».
Bilan à date : 8 biomédicaments sont dorénavant produits en France
Objectifs : d’ici 2030, sécuriser notre approvisionnement en matière de biomatériaux et bioénergies, dans le respect de notre biodiversité.
Porteurs de projets : Global Bioenergies, Blackleak, Calyxia, Néolithe, Aenitis Technologies, Affilogic, BioMérieux, Biomunex Pharmaceuticals, CellQuest, Kimialys, PathoQuest, Seripharm, Astraveus, Cell-Easy, Ceva, Encefa, MaaT Pharma, Human Cell Design.
- Fabriquer des processeurs pour l’intelligence artificielle. La France est pionnière en matière d’IA. Le pays a lancé il y a 5 ans une stratégie dotée de 1,5 milliard d’euros. L’Europe est cependant en retard sur la fabrication de processeurs avancés.
Bilan à date : Plus de 360 projets soutenus, 1,065 milliard d’euros de France 2030 accordés.
Objectif : d’ici 2030, faire émerger une dizaine d’entreprises françaises à la pointe de la production de microcomposants essentiels au développement et l’emploi d’IA.
- L’aventure spatiale. L’un des marchés potentiellement considérables, tant pour les besoins civils que militaires est celui du cargo spatial. Être capables d’envoyer un cargo sur une station et de revenir pourrait être la première étape si l’on souhaite proposer des vols habités vers l’espace. La France doit donc se lancer dans cette compétition en ouvrant la voie aux initiatives privées et en autorisant les paris les plus risqués.
Bilan à date : 8 projets de micro-lanceurs réutilisables lancés, 4 constellations en cours de développement – 2 premiers essais de moteurs de micro-lanceurs déjà réalisés.
Objectif : d’ici 2030, devenir les leaders européens dans la course à l’espace, en misant sur nos pépites françaises dans les micro-lanceurs et dans le cargo spatial.
Porteurs de projets : The Exploration Company, Space Cargo Unlimited, Dark, HyPrSpace, Latitude, MaïaSpace, Sirius Space.