La fin de l’année sera moins bonne que prévu pour l’économie tricolore. Dans sa nouvelle note de conjoncture, l’Insee a revu à la baisse sa prévision pour le dernier trimestre 2023. Le PIB devrait rester stable au cours des trois derniers mois de l’année, au lieu de croître de 0,2 %, ce qui était encore envisagé à l’automne.
Après le recul du PIB de 0,1 % au troisième trimestre, la France se situe donc vraiment sur un fil et n’est pas sûre d’échapper à la récession, à savoir un recul pendant deux trimestres consécutifs du PIB, selon la définition conventionnelle des économistes. Après cette nouvelle estimation, l’activité économique progresserait de 0,8 % sur l’ensemble de l’année selon l’Insee, contre 1 % de croissance toujours espéré par le gouvernement pour 2023.
Surplace
En cette fin d’année, tous les moteurs de l’économie feraient du surplace : la consommation des ménages stagnerait avec la baisse des dépenses d’énergie liées à une météo clémente, la production industrielle serait, elle aussi, quasi stable tandis que l’investissement des entreprises fléchirait de 0,4 %.
Le creux de la vague devrait certes être passé en fin d’année. Mais la croissance va rester poussive en 2024. « L’économie française accélérerait en douceur au début de l’année prochaine », souligne Julien Pouget, chef du département de la conjoncture de l’Insee. L’institut de la statistique table sur une hausse modeste du PIB de 0,2 % au premier trimestre 2024 tout comme au suivant.
L’acquis de croissance à mi-année s’élèverait à seulement 0,5 %. Ce qui semble mettre hors de portée l’objectif de 1,4 % de croissance visé par Bercy pour l’ensemble de 2024. Pour l’atteindre, « il faudrait précisément faire 1,2% de croissance» au troisième et au quatrième trimestre de l’an prochain, a posté sur X (ex -Twitter) Denis Ferrand, directeur général de Rexecode.
Désinflation
Les projections de l’Insee concernant l’évolution des prix sont davantage en phase avec la prévision gouvernementale. « La désinflation est en bonne voie », résume l’institut dans le titre de son étude. Selon ses estimations, le rythme des hausses de prix devrait poursuivre sa décrue et tomber à 2,6 % fin juin 2024, tandis que l’inflation sous-jacente serait ramenée à 2 %.
Les prix alimentaires ralentiraient eux aussi avec une inflation attendue à +1,9 % sur un an à la fin du premier semestre. « L’issue des négociations commerciales entre industriels et distributeurs est susceptible d’influer sur la trajectoire des prix », prévient toutefois Julien Pouget. Tout comme les fluctuations des cours du pétrole.
Cet apaisement sur le front des prix devrait permettre aux ménages de souffler un peu. Ce d’autant qu’à partir du quatrième trimestre de cette année, les salaires devraient augmenter « un peu plus vite que l’inflation » et qu’à la différence d’autres instituts de conjoncture, l’Insee table sur une quasi-stabilisation de l’emploi au premier semestre.
Dans ce contexte, le pouvoir d’achat devrait progresser de 0,8 % en 2023, et de 0,3 % mesuré en unité de consommation – des gains « davantage soutenus par les revenus du patrimoine que par les revenus d’activité ou les prestations sociales », note l’Insee. Et le pouvoir d’achat devrait continuer de rebondir au premier semestre 2024.
De quoi permettre à la consommation des ménages, premier pilier de la croissance française, de reprendre un peu de vigueur (+0,6 % attendu au premier trimestre, puis +0,4 % au deuxième). Pour autant, dans son scénario central, l’Insee ne fait pas le pari d’une baisse du taux d’épargne des Français : celui-ci resterait proche de 18 % du revenu disponible brut.
De leur côté, les entreprises devraient tirer leur épingle du jeu. Leur taux de marge devrait augmenter de 0,8 point en moyenne en 2023 par rapport à leur niveau de 2022 pour atteindre 32,5 % de la valeur ajoutée. Si le versement de la prime de la valeur ajoutée devrait néanmoins entraîner un léger repli en fin d’année, celui-ci sera contrebalancé au début de l’an prochain par la baisse de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE) et une « légère amélioration de la productivité », selon l’Insee.
Malgré les taux d’intérêt élevés, l’investissement resterait stable sur la première partie de l’année.