Comme il se doit en matière de négociation interprofessionnelle, la première séance, au siège du Medef, de celle consacrée à l’emploi des seniors a été l’objet d’un « débat » sur le lieu des suivantes. Pour aboutir, comme à chaque fois, à la même réponse : au siège du Medef. Peut-être même pour la dernière fois, puisque les numéros un des syndicats et du patronat vont s’appeler afin de trancher une fois pour toutes cette question logistique secondaire, chargée de symbolique en vérité.
Le 55, avenue Bosquet, dans le 7e arrondissement de Paris, abritera donc les 14 séances à venir, réparties en trois phases. La première, calée sur le mois de janvier, doit aboutir à un diagnostic de la situation sur les trois thèmes du document d’orientation du gouvernement : compte épargne-temps universel ou Cetu, emploi des seniors, progression des carrières, usure et reconversion professionnelles.
Compte épargne-temps universel : seule la CFDT en veut
La négociation proprement dite démarrera début février, avec l’objectif d’aboutir à un premier texte un mois plus tard, pour une conclusion le 26 mars. Soit légèrement plus tard que le calendrier fixé par Matignon, mais toujours à temps pour une transposition dans la loi d’un accord, si accord il y a. A ce stade, syndicats et patronat n’en visent qu’un, et non pas un par thème, estimant que les sujets sont liés, sauf celui du Cetu, défendu par la seule CFDT.
Pour eux, en effet, le maintien en emploi des seniors doit s’appréhender comme un tout, et nécessite d’agir bien avant 55 ans. Pour le chef de file CFDT, Yvan Ricordeau, la négociation renvoie à la question du rapport au travail, que la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber et qu’il aurait fallu traiter avant la réforme des retraites. « La CFDT attend beaucoup de cette négociation », a-t-il prévenu. « Ce n’est pas une négociation ‘seniors’, mais une négociation sur les parcours professionnels », a abondé Eric Courpotin, pour la CFTC.
Avançant quelques pistes, Jean-François Foucard, pour la CFE-CGC, a défendu l’instauration d’un véritable diagnostic sur les compétences entre 45 et 50 ans ou encore un droit opposable des salariés à travailler à temps partiel. Mais c’est FO qui s’est le plus dévoilé, pour la partie seniors de la négociation, en tout cas.
Droit à la reconversion si exposition à des risques professionnels, cotisation forfaitaire pour les entreprises en cas de séparation, temps partiel ou congé de fin de carrière, ou encore rétablissement du contrat de génération instauré sous le quinquennat Hollande : la centrale a rendu public une longue liste de revendications.
Interférences gouvernementales
Côté patronal, le Medef, par la voix de son négociateur, Hubert Mongon, a mis en avant l’axe central qu’il entend défendre : l’amélioration du taux d’emploi, en première, deuxième ou troisième partie de carrière, et la question sous-jacente, le fonctionnement du marché du travail. « Notre ligne directrice consistera à nous concentrer sur les parcours professionnels », a-t-il promis.
Reste à voir si les partenaires sociaux aborderont certaines des idées lancées çà et là par le gouvernement, sur les ruptures conventionnelles par exemple, comme l’a évoqué le ministre du Travail, Olivier Dussopt, ou sur l’instauration d’un droit à temps partiel, promu par son collègue de Bercy, Bruno Le Maire. « A nous de voir si cela correspond à une demande syndicale ou patronale », a avancé Yvan Ricordeau, plutôt ouvert. « Nous avons noté certaines expressions politiques, mais nous serons attentifs à ce que le gouvernement n’interfère pas dans la négociation », a modulé Hubert Mongon.