A Bercy, Bruno Le Maire veut rester sur tous les fronts, économiques et politiques

Alors que ses rêves de Matignon semblent rester lointains, le ministre de l'Economie se projette déjà sur la suite à Bercy où il espère être reconduit. Il entend donner un élan réformiste à la majorité, mais les projets concrets restent pour le moment limités.


French Minister for Economy, Finance, Industry and Digital Security Bruno Le Maire speaks during his New Year address to France's economic actors at the Bercy Finance Ministry in Paris, France, January 8, 2024. At L, French Junior Minister for Public Accounts Thomas Cazenave and at R, French Junior Minister in charge of Small and Medium Enterprises, Commerce, Crafts and Tourism Olivia Gregoire. REUTERS/Stephanie Lecocq

S’il avait encore des rêves de Matignon cachés dans un coin de sa tête, au moins a-t-il réussi à bien donner le change. Alors que le grand chambardement de l’équipe gouvernementale était sur toutes les lèvres, Bruno Le Maire s’est fait fort d’incarner une forme de continuité à Bercy pour redonner un élan réformiste au quinquennat. C’est le message qu’il a passé à l’occasion de ses voeux aux acteurs économiques – les septièmes depuis son arrivée à 2017 – quand bien même ses projets concrets restent pour le moment flous et limités.

« Tout a changé en sept ans, sauf mon enthousiasme, mon engagement et ma détermination », a attaqué le ministre de l’Economie et des Finances. Avant de conclure, pour ceux qui le soupçonneraient d’avoir toujours des envies de bougeotte, alors que la rumeur le donnait déjà partant au FMI il y a un an : « Dans cette année 2024 qui est une année de tous les dangers internationaux mais aussi de toutes les opportunités pour la France, il n’y a pas de place pour les états d’âme ou les hésitations. Il n’y a de la place que pour la clarté et la détermination », a-t-il assuré.

Prolongation du règne

Les nombreux dirigeants présents dans la salle ont toutefois remarqué que le solitaire Bruno Le Maire a bien pris soin cette année de mettre en avant les quatre autres ministres travaillant jusqu’à présent sous sa coupe – « l’équipe Bercy » – qu’il a chacun fait applaudir. Comme si, même loin de Matignon, il ne lui déplairait pas d’apparaître comme un « Premier ministre bis » régnant sur un large pôle puissant, s’il venait à être reconduit.

Mais que veut faire le recordman de la longévité à Bercy sous la Ve République d’une éventuelle prolongation de son règne ? « Ce que nous avons accompli est considérable, ce qu’il nous reste à accomplir est encore plus important », a-t-il expliqué. Sauf qu’après la forte activité des sept premières années, sa besace reste pour le moment, en comparaison, assez chiche en nouveaux projets. Tout juste a-t-il évoqué pour le printemps 2024 une loi sur l’attractivité de la France et de nouvelles mesures pour la simplification des normes à destination des entreprises. La réaction mesurée de la salle montre que les dirigeants restent à convaincre sur le sujet, après les nombreuses tentatives des précédents gouvernements.

Pour le reste, Bruno Le Maire espère s’afficher comme la boussole indiquant toujours la voie de la réforme pour la majorité, quand certains s’interrogent sur la direction donnée par l’aiguille à l’Elysée. Même de Bercy, on peut prendre des accents régaliens et le ministre de l’Economie a promis « fermeté et autorité » pour la lutte contre les fraudes – avec un durcissement pour le recouvrement des amendes ou le gel des avoirs des trafiquants de stupéfiants.

Au moins 12 milliards d’économies

Quant au modèle social français, celui qui reste pour le moment le locataire de Bercy entend « parachever sa transformation ». Alors qu’il avait déjà marché sur les plates-bandes du ministre du Travail, Olivier Dussopt, il y a quelques semaines, il a remis sur la table sa proposition de revoir à la baisse la durée d’indemnisation chômage des travailleurs de plus de 55 ans. Une mesure indispensable à ses yeux pour aller vers le plein-emploi. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy veut aussi recréer « une dynamique des salaires » en France, en s’appuyant notamment sur le rapport d’économistes autour des allégements de charges « pour lutter contre la smicardisation de notre société ».

Enfin, le grand argentier a refait sonner aux oreilles de ses collègues ministres la petite musique du redressement des comptes publics, qui faisait partie des promesses d’Emmanuel Macron en 2017. « Nous serons intraitables sur les annonces ministérielles non financées », a-t-il assuré. Cela explique la décision fin décembre du gouvernement de raboter le bonus écologique pour les voitures électriques. A Bercy, certains s’inquiètent aussi du coût des projets de généralisation du Service national universel.

Mais le plus dur est à venir, avec la préparation du budget de l’an prochain. « Nous devons trouver au minimum 12 milliards d’euros d’économies en 2025 », a avancé Bruno Le Maire – l’expression « au minimum » est une nouveauté. Cela s’annonce d’autant plus difficile que Bercy n’est pas encore certain d’atteindre son objectif d’un déficit public à 4,9 % du PIB pour 2023.


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