Avec le déconfinement , c’est le sujet qui monte. Comment revaloriser les salaires de ceux qui sont montés au front pendant deux mois, au plus fort de l’épidémie de Covid-19, démontrant leur utilité sociale majeure ? Il y a un mois, Emmanuel Macron avait mis en avant l’importance de cesfemmes et ces hommes« que nos économies reconnaissent et rémunèrent si mal », citant même « La Déclaration des droits de l’Homme » qui affirme que « les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune ».
Mercredi matin, sur France 2, Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, a indiqué son intention de « convoquer toutes les branches professionnelles concernées pour qu’elles regardent comment, dans leur classification, dans leurs évolutions de salaires, elles peuvent prendre en compte ces métiers qui ont besoin d’être revalorisés ». La ministre a cité « les caissiers et caissières, les manutentionnaires, les chauffeurs livreurs, les éboueurs ».
Caissière, éboueur, livreur…La crise a révélé ces métiers essentiels
— Muriel Pénicaud (@murielpenicaud) May 13, 2020
▶️Nous encourageons les entreprises à leur verser une prime exceptionnelle
▶️Je convoquerai les branches professionnelles concernées pour voir comment revaloriser leurs salaires #Les4V #dialoguesocial
La liste des professions concernées n’est cependant pas encore arrêtée. « Cela ne concernera ni toutes les branches, ni tous les métiers, mais ceux les plus méritants qui ont assuré la continuité de la vie économique de la nation pendant la crise », précise-t-on dans l’entourage de la ministre. Le calendrier non plus. « Les modalités concrètes seront discutées avec les partenaires sociaux », dit-on rue de Grenelle.
Pas de hausse franche du SMIC
Muriel Pénicaud a en revanche exclu toute hausse franche du SMIC. « Il y a des métiers qui ont été au front qui sont au-dessus du SMIC et qui doivent être augmentés », a-t-elle défendu. La voie ne sera pas non plus celle choisie depuis la crise de 2008, jusqu’à la fin du quinquennat de François Hollande, où ce sont les bas salaires en général qui focalisaient l’attention de l’exécutif.
Sous la pression des gouvernements successifs, les minima de branches, négociés entre les partenaires sociaux et qui s’appliquent à toutes les entreprises d’une branche, ont continué à augmenter. Et ils ont une importance capitale puisque leur hausse se reflète sur toute la hiérarchie des salaires.
Mais, même si l’opinion publique peut avoir des sympathies pour les revendications des salariés les moins bien payés, l’affaire ne sera pas facile à régler. Alors que les entreprises affrontent une crise sans précédent, que les faillites vont grimper en flèche, tout comme le chômage, le patronat est sur le qui-vive au sujet des revendications salariales.
« A un moment où les entreprises perdent énormément en profitabilité, augmenter les salaires va s’avérer compliqué. Relancer une politique massive et innovante d’intéressement – ou de type « prime Macron », c’est-à-dire annuelle, défiscalisée et liée aux résultats pour les petites entreprises -, c’est la bonne solution pour revaloriser ces métiers », estime ainsi le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, dans « Le Monde ».
En outre, l’initiative ciblée sur le seul secteur purement privé pourrait aiguiser les appétits ailleurs. Chez les soignants, qui tardent à voir se concrétiser les promesses gouvernementales de prime et autres majorations et attendent une revalorisation de leurs métiers mais aussi chez les autres fonctionnaires – de l’Etat et des collectivités locales – qui ont été sur le pont pendant le confinement. Et chez les salariés du privé notamment des Ehpad et plus généralement du médico-social, qui ne peuvent rien faire sans l’aval des pouvoirs publics.