Investissements étrangers : ce que change la crise du coronavirus pour la France

La pandémie et la crise économique rebattent les cartes. Selon une étude de la société EY, environ 65 % des 1.200 projets d'investissements étrangers annoncés en 2019 en France pourraient être maintenus, mais 25 % seraient reportés ou fortement revus à la baisse et 10 % seraient annulés. A l'avenir, la concurrence entre Etats risque d'être encore plus forte pour attirer les capitaux étrangers.


Illustrations of the factory of AstraZeneca during a visit at the AstraZeneca factory in Dunkirk, northern France, on January 20, 2020, before the summit "Choose France".

En deux mois, tout a changé. En 2019, la France était devenue la première destination en Europe pour les investissements étrangers, coiffant au passage le Royaume-Uni englué dans le Brexit, et l’Allemagne. Mais le Covid-19 est passé par là et rebat les cartes. Désormais, l’enjeu pour la France est de défendre sa position et de ne pas retomber dans le classement européen. Et la partie ne s’annonce pas facile.

Selon la société EY, environ 65 % des 1.200 projets annoncés en 2019 en France pourraient être maintenus, 25 % reportés ou fortement revus à la baisse et 10 % seraient annulés. Trois cents projets sont donc en risque et environ 120 seraient purement et simplement oubliés. Avec des emplois en moins à la clé.

Attentisme des multinationales

« Si tous les investissements ne seront pas remis en cause avec le Covid, certains projets restant valables à long terme, clairement les grands groupes ont appuyé sur le bouton ”pause”, sauf en ce qui concerne les dossiers avec un fort contenu technologique », indique Marc Lhermitte associé chez EY. Les multinationales sont dans l’expectative. « Les entreprises font très attention à ne pas consommer trop de cash et sont donc incitées à ralentir leurs investissements », explique Eric Fourel, président d’EY en France.

Et il y a la grande inconnue du comportement des consommateurs. Vont-ils se remettre à consommer ou au contraire constituer une épargne de précaution ? « C’est une des questions essentielles : que va devenir le débouché France ? Car si les entreprises internationales s’implantent dans l’Hexagone, c’est aussi parce qu’elles veulent profiter d’un marché important », souligne Eric Fourel. En attendant d’y voir plus clair, les entreprises préfèrent geler leurs projets.

Il y a aussi la question des chaînes de valeurs . « Si dans un monde pré-Covid-19, leur organisation productive, commerciale ou scientifique était adaptée, rien ne permet de penser qu’elle le sera à l’avenir, le débat sur la relocalisation de certaines activités stratégiques étant ravivé par l’épidémie », selon Eric Fourel. La grande majorité des dirigeants interrogés par EY – 83 % exactement – s’attend à une régionalisation des chaînes de valeurs, avec un rapprochement de certains sites de production aux frontières de l’UE mais aussi en Afrique.

Interrogations sur les plans de relance

Enfin, « l’impact des plans de relance sur les finances publiques ne sera pas neutre », prévient Eric Fourel. « Certains Etats pourraient être tentés de répondre à cette crise en augmentant les prélèvements sur les entreprises, à mener une politique moins ”business friendly”. Et c’est cela qu’il va falloir éviter dans les prochaines années. La compétition pour attirer les capitaux étrangers ne va pas se réduire, bien au contraire », fait valoir le patron du réseau en France.

« Dans les six mois, il va donc falloir rassurer les investisseurs internationaux et les fixer ou les attirer dans les bassins d’emplois français qui en auront bien besoin », insiste pour sa part Marc Lhermitte. D’ailleurs, 80 % des dirigeants interrogés fin avril par EY estiment que la nature et l’envergure des plans de relance pèseront lors des arbitrages concernant la localisation de leurs investissements futurs.

Si la concurrence se renforce avec l’Asie et les Etats-Unis dans un contexte de croissance faible, il va être difficile de revenir sur la trajectoire de baisse de l’impôt sur les sociétés et de remettre à demain la réduction des impôts de production. « Si la France donnait le sentiment dans l’après-crise de vouloir revenir à une fiscalité plus lourde sur les investissements, alors le pays aurait non seulement du mal à attirer de nouveaux projets mais même à défendre ceux qui sont engagés. Car avec le Covid, c’est une nouvelle compétition qui vient de s’ouvrir », prévient Eric Fourel.


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