Jeudi 4 juin, la ministre du Travail a été missionnée par le président de la République pour ouvrir des discussions avec les partenaires sociaux . Le calendrier de ce « cycle de concertations » annoncé lundi sera très serré. Muriel Pénicaud recevra dès ce mardi après-midi ensemble les leaders patronaux et syndicaux afin de lancer les « discussions ». Au menu : « diagnostic, enjeux et perspectives » sur « la situation de l’emploi en France et en Europe ». Les deux jours suivants, son directeur de cabinet, Antoine Foucher, s’entretiendra avec chacune des organisations patronales – Medef, CPME et U2P ainsi que la FNSEA – et chacune des organisations syndicales – CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, mais aussi Unsa.
Ne pas froisser les susceptibilités
Entre vendredi 12 juin et lundi 15 juin, Muriel Pénicaud reverra ensuite, en tête à tête aussi, chacun des 10 leaders syndicaux et patronaux. Puis dans la foulée, elle présentera ses propositions au chef de l’Etat. Emmanuel Macron fera ensuite connaître ses arbitrages aux partenaires sociaux lors d’une nouvelle réunion à l’Elysée, quinze jours après la première, a-t-il promis.
La méthode, qui accumule les heures de discussions, vise à ne pas froisser les susceptibilités puisque les syndicats et le patronat auront été largement auditionnés. Il n’empêche qu’elle permettra à l’exécutif de garder de bout en bout la main sur les cinq sujets sur lesquels la concertation va porter.
Jouer avec les limites
Parmi eux, un est passé plutôt inaperçu : le travail détaché. Le gouvernement a rouvert les frontières pour permettre l’entrée de saisonniers pour faire face aux demandes de main-d’oeuvre de l’agriculture. Mais compte tenu de la violente poussée du chômage , l’idée n’est pas d’accélérer le mouvement, au contraire. Pour cela, il va falloir jouer avec les limites imposées par les règles européennes.
Sur le chômage partiel classique, dopé pour éviter l’effondrement de l’emploi, et sa version longue durée créée par la loi de prorogation de l’état d’urgence sanitaire, l’exécutif veut aussi avancer vite. Quelle réduction maximale du temps de travail, quel montant d’indemnisation ? La discussion va porter sur ces curseurs, sachant que la décision a été prise de favoriser les entreprises qui auront signé des accords. Parmi les contreparties, Muriel Pénicaud a évoqué, lundi sur France info, le maintien dans l’emploi et, « s’il y a une baisse de salaire pendant la crise, on fait plus d’intéressement. Ce sera négocié dans l’entreprise », a-t-elle ajouté, annonçant par ailleurs qu’« il y aura plus de 50.000 contrôles d’ici la fin de l’été » sur les déclarations de chômage partiel classique.
Sujet conflictuel
Côté formation, l’enjeu est double : à la fois travailler à son renforcement dans les activités qui pourraient redémarrer après une panne et faciliter les reconversions professionnelles pour les entreprises qui vont mettre la clé sous la porte.
Alors que la question de l’emploi des jeunes est aussi sur la table, le sujet le plus conflictuel sera celui de l’assurance-chômage. Il s’agit pour faire simple de trancher entre ce qu’on garde, ce qu’on abandonne et ce qu’on aménage dans la réforme décidée par le gouvernement à l’été 2019 et dont une partie seulement est déjà entrée en vigueur, l’autre ayant été repoussée au 1er septembre. Mais la méthode de discussion choisie par l’exécutif laisse à penser qu’il n’est pas prêt à lâcher trop de lest.