EXCLUSIF – Ségur de la santé : les hôpitaux de Paris proposent d’abolir le ticket modérateur

Le directoire de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a élaboré ses propositions pour réformer l'hôpital. Faire disparaître la facturation auprès des mutuelles permettrait de créer 1.500 emplois dans le groupe.


French President Emmanuel Macron (R), AP-HP President Martin Hirsch (L) and French Health minister Olivier Veran (L, back) visit the Pitie-Salpetriere hospital in Paris on February 27, 2020 where the first French victim of COVID-19 passed away the day before. - France has so far registered 18 infections and two deaths, a 60 years-old French citizen and a 80 years old Chinese tourist, as European governments scramble to contain a slew of new coronavirus cases popping up across the continent. (Photo by Martin Bureau / POOL / AFP)

Abolir le ticket modérateur à l’hôpital, et offrir aux patients des soins remboursés à 100 % par l’Assurance-maladie. Cette idée, qu’avait déjà défendue le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, en janvier 2017, revient sur le devant de la scène à la faveur du Ségur de la santé . Le directoire de l’AP-HP, qui réunit les représentants de la communauté médicale, les doyens des facultés de santé et les dirigeants du groupe, l’a inscrite dans sa contribution pour la réforme du système de santé. Elle a été rédigée « après un échange avec les représentants médecins de l’Union régionale des professionnels de santé » (URPS), précise ce document qu’ont pu lire « Les Echos ».

Pourquoi vouloir écarter les complémentaires du champ des remboursements hospitaliers ? D’abord parce que tout le monde n’est pas assuré, si bien que certains patients doivent supporter des restes à charge élevés. L’AP-HP a mené une étude sur 200 dossiers Covid-19 tirés au sort, et constaté qu’un tiers d’entre eux n’étaient financés qu’à 80 % par l’Assurance-maladie, avec en moyenne 1.150 euros à la charge du patient ou de sa mutuelle. Un montant qui peut dépasser 10.000 euros lors d’un passage en réanimation – il n’y a pas de dispense de ticket modérateur.

Par ailleurs, avoir deux financeurs pour l’hôpital alourdit les tâches administratives. « Au moment où l’on doit simplifier et débureaucratiser, il est paradoxal d’avoir, dans un établissement comme l’AP-HP, l’équivalent de 1.500 emplois uniquement consacrés à facturer auprès des centaines d’organismes d’assurance complémentaire », écrit le directoire. ​Mettre fin à ce double financement « permettrait de créer, à masse salariale égale, plus de 1.500 emplois de soignants », à répartir « là où la charge en soins est la plus lourde, objectivé par une analyse associant les soignants ».

L’AP-HP propose donc de supprimer le ticket modérateur pour l’ensemble des soins hospitaliers. Si les pouvoirs publics veulent conserver un bout de financement privé, l’Assurance-maladie pourrait récupérer son dû directement auprès des organismes complémentaires, et en soulager l’hôpital. En tout cas, il ne faudra plus facturer de supplément « chambre individuelle », estime le directoire, car ce format doit se développer pour des raisons d’hygiène.

Travailler plus et gagner plus

Par ailleurs, le directoire de l’AP-HP propose que 20 à 30 % des paramédicaux puissent accéder à des responsabilités accrues, avec une rémunération trois fois plus élevée en fin de carrière qu’au début (moins de deux fois aujourd’hui). Pour pallier les problèmes de recrutement à court terme, pendant trois ans, le temps pour une infirmière de se former, le directoire propose d’ouvrir à ces soignants la possibilité de travailler 10 % de temps en plus sur l’année, avec une augmentation de salaire de 20 %. Si 20 % des infirmières saisissaient l’occasion, cela permettrait de combler le déficit de 800 emplois constaté dans le groupe début 2020.

Le document reprend également le voeu déjà formulé par Martin Hirsch de différencier les rémunérations des praticiens hospitaliers, avec un socle commun et des rémunérations complémentaires pour la formation, la recherche, etc. Le directoire devrait selon lui pouvoir proposer au gouvernement des candidats pour le poste de directeur, dont un médecin.

Enfin, le directoire veut reproduire le succès de l’opération Covidom, qui a permis de suivre des patients Covid-19 à domicile, en lien avec les soignants de ville. Il s’agit de créer « des plateformes communes, qui pourraient être sous l’égide de l’hôpital et de l’URPS ». Des professionnels de la ville et de l’hôpital suivraient ainsi des patients chroniques, des personnes âgées en Ehpad ou à domicile, et éviteraient un recours inutile aux urgences . Mais il faudrait mettre beaucoup plus de moyens dans la numérisation des hôpitaux français, à la traîne.


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