Comment favoriser l’embauche des jeunes ? Si l’objectif fait consensus au sein du gouvernement, les modalités du dispositif suscitent depuis quelques jours d’âpres débats au sein de l’exécutif. Emmanuel Macron doit désormais trancher entre prime à l’embauche et exonération de charges salariales , le coût de cette dernière option faisant tousser à Bercy. Le temps presse : la mesure figurera en tête d’un grand plan que le chef de l’Etat doit annoncer la semaine prochaine, la date exacte n’étant pas connue compte tenu du remaniement, en plus d’un renforcement des dispositifs d’accompagnement, d’une hausse des places en lycées professionnels ou d’une augmentation des effectifs à Pôle emploi.
Le scénario d’une baisse de charges pérenne et massive avait pris du poids la semaine dernière. Pour rappel, il prévoit « d’exonérer » les employeurs de charges salariales de sorte d’améliorer leur capacité d’investissement, puisque cela revient à baisser le coût du travail d’une vingtaine de points. Dans l’hypothèse haute, la borne d’âge serait de 30 ans et la limite de salaire à 2,2 SMIC, ce qui permettrait l’embauche de 320.000 jeunes pour une facture de 8 milliards, selon nos informations. Dans l’hypothèse basse – 25 ans et 1,6 SMIC -, les estimations portent sur 215.000 embauches. Mais bien d’autres paramètres restent à arrêter, comme la pente des allègements.
Effet attendu sur les embauches
Une réunion interministérielle s’est tenue en début de semaine sur le sujet. A l’origine du projet, le ministère du Travail a mis en avant, au-delà de l’effet attendu sur les embauches, la justesse de la mesure : il faut d’autant plus aider les jeunes à s’insérer normalement sur le marché du travail que ce sont eux qui vont supporter le fardeau de la dette Covid. En clair, les jeunes vont trinquer, il faut qu’ils soient prioritaires parmi tous les actifs, les seniors allant mieux traverser la crise.
Cet objectif n’est pas remis en cause par Bercy. Mais les équipes de Gérald Darmanin, le ministre des Comptes publics, ont tiqué devant les premières estimations du dispositif envisagées, alors qu’on évoquait initialement une facture de près de 10 milliards. « Surcalibré », ont jugé en substance les experts budgétaires. Si Emmanuel Macron a annoncé en mars que la crise sanitaire entraînerait une réponse « quoi qu’il en coûte », les équipes de Bercy n’oublient pas que la crise a déjà considérablement détérioré les finances publiques, avec un programme d’endettement déjà record à 260 milliards d’euros pour cette année avant même le futur plan de relance.
Ralliement tardif
A l’autre étage de Bercy, Bruno Le Maire ne s’est rallié que tardivement à cette idée d’allègements de charges, ayant préféré initialement le scénario d’une prime à l’embauche. « Tout ce qui nous importe, c’est qu’un dispositif le plus efficient possible émerge », explique un proche du ministre de l’Economie et des Finances.
Il reste à savoir ce qui émergera de ce débat interne au gouvernement. Du côté du patronat, on craint un scénario de baisse de charges « au rabais », avec des critères trop restrictifs (uniquement les PME, bas salaires, etc.). « Si c’était le cas, autant faire une prime qui serait plus efficace », confie une source patronale. Du côté des syndicats, l’option d’une exonération de charges ne passe pas bien, avec la crainte que l’Etat ne compense pas intégralement les montants à la Sécurité sociale.