Jean Castex repousse les réformes des retraites et de l’assurance-chômage

Le Premier ministre a donné satisfaction aux syndicats en revoyant ce vendredi son agenda social, qui voit les réformes des retraites et de l'assurance-chômage décalées afin de mettre l'accent sur « la priorité des priorités » : « l'emploi ».


Jean Castex, qui a clamé sa foi dans le « dialogue social » lors de son discours de politique générale , passe à la pratique. Après des rencontres bilatérales la semaine dernière , le Premier ministre a reçu pendant un peu plus de trois heures ce vendredi matin les syndicats et le patronat pour fixer avec eux « une méthode et un calendrier de discussions et de concertations sur l’ensemble des sujets qui sont sur la table pour les semaines et les mois à venir ».

Et ces sujets ne manquaient pas avec le plan de relance de 100 milliards que peaufine actuellement l’exécutif, mais aussi l’emploi – et en premier lieu celui des jeunes -, la santé au travail et surtout les dossiers épineux des réformes des retraites et de l’assurance-chômage.

Plusieurs ministres ont participé aux côtés de Jean Castex à cette « conférence du dialogue social » : Elisabeth Borne (Travail) mais aussi de Barbara Pompili (Transition écologique), Bruno Le Maire (Relance), Olivier Véran (Solidarités) et Brigitte Bourguignon (Autonomie).

« Calendrier extrêmement exigeant »

A l’issue de la rencontre, Jean Castex a exprimé sa « satisfaction » et s’est dit « heureux de la qualité du dialogue établi avec les partenaires sociaux ». « Bien sûr tout cela ne préjuge pas d’un accord global, il y aura des divergences, cela fait partie de la démocratie sociale », a-t-il reconnu. « Mais il faut d’abord savoir nous parler, nous respecter et fixer des voies et des chemins pour l’avenir », a insisté le chef du gouvernement.

Il a salué « le sens des responsabilités des partenaires sociaux » et s’est réjoui d’avoir établi avec eux « un calendrier extrêmement exigeant » – qui commencera dès le début de la semaine prochaine avec des discussions sur l’emploi des jeunes au ministère du Travail – et se poursuivra « plus généralement dans les semaines à venir pour arrêter et finaliser le plan de relance », auquel syndicats et patronal seront étroitement associés.

« Nouvelle méthode » sur les retraites

Le nouveau Premier ministre a donné satisfaction aux syndicats en revoyant son agenda social : les réformes des retraites et de l’assurance-chômage sont notamment décalées afin de mettre l’accent sur « la priorité des priorités » : « l’emploi ».

Concernant le dossier explosif de la réforme des retraites, si Jean Castex a réaffirmé qu’elle serait « maintenue », il a promis « une nouvelle méthode », en distinguant notamment le « caractère structurel » de la réforme « qui vise à plus de justice » et son volet financier, et « en reprenant la concertation dans les mois à venir ». Comme le réclamait notamment le Medef, le chef du gouvernement va saisir de nouveau le Conseil d’orientation des retraites (COR) à la rentrée afin d’évaluer la situation financière des régimes actuels en distinguant la partie liée à la crise en cours du déficit structurel.

Nouvelle « conférence de dialogue social » en octobre

Quant à la réforme controversée de l’assurance-chômage, dont un second volet était attendu au 1er septembre, elle est repoussée dans son intégralité à début 2021. Il suffira donc, pour ouvrir des droits au régime d’assurance-chômage, d’avoir travaillé 4 mois sur les 28 derniers mois et non plus 6 mois sur les 24 derniers mois comme le prévoit la réforme.

Pour les nombreuses concertations à venir (financement de la protection sociale, dépendance, assurance-chômage, travailleurs détachés, partage de la valeur, etc.), dont certaines seront déclinées territorialement (plan de relance, transition écologique), un agenda sera envoyé aux partenaires sociaux en début de semaine prochaine. La mise en oeuvre des propositions de la Concertation citoyenne pour le climat sera notamment évoquée dès la fin juillet.

Jean Castex a promis de réunir les partenaires sociaux autant que de besoin et de tenir « le plus grand compte » de leurs propositions. Une prochaine Conférence sur le dialogue social, sur le même modèle de celle qui s’est tenue dans les deux dernières semaines, est prévue en octobre.

Les principales réactions des partenaires sociaux :

Laurent Berger (CFDT) : « La CFDT sort de cet entretien en ayant la conviction qu’il y a une vraie sincérité de la part du Premier ministre sur sa volonté de dialogue social […] Nous continuons de croire que le système universel de retraite serait plus juste mais ce n’est pas la priorité. [Le report de la reforme] correspond à notre volonté de ne pas faire du sujet des retraites un sujet de l’été et de l’automne, mais plutôt se laisser le temps du diagnostic pour voir d’abord comment on aura été capable de répondre ou non aux enjeux de lutte contre le chômage, de maintien de l’emploi, de lutte contre la paupérisation, avec une priorité mise en direction des jeunes ». « La priorité est placée au bon endroit en termes d’objectif et de calendrier, à savoir l’emploi, l’emploi, l’emploi ».

Philippe Martinez (CGT) : Il faut encore juger « aux actes ». Ce vendredi matin sur l’antenne de RTL, le leader de la CGT avait estimé que « les urgences, ce sont l’emploi et les salaires » et demande une hausse « au minimum de 10 % du SMIC, tout de suite et avec une clause de revoyure ». Il avait appelé à « relancer le pouvoir d’achat des premiers de corvée, ceux que l’on a applaudis » « Ces bas salaires, c’est bien de les applaudir au balcon, mais pour manger, cela ne suffit pas », a-t-il lancé. Il avait par ailleurs demandé « la gratuité des masques » pour les salariés contraints d’en porter un.

La CGT, qui avait annoncé dès la semaine dernière une journée de mobilisation et de grève le 17 septembre, a dans un communiqué diffusé ce vendredi après-midi « pris acte avec satisfaction des engagements » du Premier ministre sur les retraites et l’assurance-chômage, notant « un changement de méthode et une meilleure considération des organisations syndicales ».

Yves Veyrier (FO) : a lui aussi noté « un changement de ton avec le Premier ministre, un dialogue social plus prononcé ». « C’est un discours de gaulliste social qui rompt avec Macron, c’est déstabilisant », a-t-il aussi commenté auprès de l’AFP. Concernant le plan de relance, Yves Veyrier a expliqué que FO maintient « qu’il faut avoir un oeil sur les conditions des aides publiques, car aide publique ne veut pas dire licenciement ». Il a aussi insisté sur la nécessité de « rendre attractifs » « les emplois de la deuxième ligne et les métiers en tension ».

Geoffroy Roux de Bézieux (Medef) : a souligné que « beaucoup de choses étaient sur la table. Peut-être trop. Il faudra à travers les discussions, essayer de se faire un calendrier du possible et pas seulement un calendrier de ce qui est du souhaitable ». « En détendant les calendriers, cela permet d’éviter les sujets qui fâchent », a-t-il noté.

François Asselin (CPME) : Jean Castex « nous a rassurés sur le fait qu’il faudrait faire la distinction entre ce qui est du domaine du conjoncturel et ce qui est du structurel » sachant qu’après la crise du coronavirus « les schémas d’équilibre » financier « ne sont plus les mêmes ».

Laurent Munerot (U2P) : « Rien ne se passera s’il n’y a pas d’activité dans les entreprises. Le plan de relance est vital. »

François Hommeril CFE-CGC : « Il semble que quelque chose soit en train de changer dans la méthode du gouvernement ».


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