Sans surprise, la crise sanitaire n’a pas seulement fait flamber le chômage, elle a aussi pesé sur les salaires. C’est ce que confirme une étude publiée ce mardi par le cabinet Deloitte. « Après plusieurs années d’augmentations constantes, nous observons un ralentissement des augmentations salariales », souligne cette 9e étude annuelle sur les salaires.
Deloitte a analysé un million de fiches de paie émises sur la période de janvier à juin par un panel de 300 entreprises de différents secteurs d’activité, tailles d’entreprise et localisations géographiques. Il en ressort que ce ralentissement des augmentations salariales concerne autant les employés que les cadres.
« Les augmentations distribuées en 2020 ont été de l’ordre de 2,0 % pour les OETAM (ouvriers, employés, techniciens et agents de maîtrise, NDLR) et 2,3 % pour les cadres. Cela représente un léger recul par rapport à 2019, respectivement de 0,4 point (2,4 %) et de 0,5 point (2.8 %) », écrit le cabinet. Toutefois, ce ralentissement n’a qu’un « impact modéré sur le pouvoir d’achat du fait d’une inflation contenue sur la même période », nuance l’étude.
Seul un quart des entreprises a versé une « prime Macron »
Si la part fixe de la rémunération n’a pas reculé, il en va autrement de la part variable. Ainsi, concernant les cadres, les « bonus versés sont en baisse en nombre de bénéficiaires et en montant, avec un recul du montant moyen versé de 6,2 % », pointe l’étude. Cette part variable représente pourtant un à trois mois de salaire de base, selon les niveaux de responsabilité et les filières.
La prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (PEPA), dite « prime Macron », n’a pas été autant plébiscitée qu’en 2019. Malgré les incitations du gouvernement, qui a relevé son plafond à 2.000 euros afin de récompenser les efforts des salariés durant la crise sanitaire, moins d’un quart des entreprises participantes à l’étude (contre près de 60 % l’an passé) ont versé cette prime « au profit de 23 % des OETAM et seulement 6 % des cadres », note l’étude. Et les montants de cette prime ont généralement été revus à la baisse : le montant médian a baissé de 30 % pour atteindre 327 euros.
Stagnation des écarts salariaux femmes/hommes
La crise sanitaire n’a pas non plus aidé à réduire l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes, qui stage à plus de 3 % en moyenne : entre 2,6 % et 7,6 % selon le niveau de responsabilité. « Face aux priorités de maintien de l’emploi et du pouvoir d’achat, les écarts salariaux et le plafond de verre demeurent », note le cabinet, qui n’a pas non plus constaté de pratiques d’augmentation différentes en faveur des femmes.L’écart de rémunération entre l’Île-de-France et les régions est également resté stable sur un an, entre 6 % et 7 %, de même que celui observé entre PME et grandes entreprises, « de l’ordre de dix points en salaire de base et en rémunération totale ».
Etant donné le contexte actuel, marqué par une prévision d’une chute du PIB de 9 % en 2020, selon les prévisions de l’Insee, les projections de Deloitte sont « prudentes ». Le cabinet prévoit qu’en 2021 les hausses de salaires seront de 1,5 % pour les OETAM et de 1,7 % pour les cadres. L’étude prévoit une « reprise des tendances historiques d’augmentation » à compter de 2023.