A partir de cette semaine, Marlène Schiappa et Gérald Darmanin entament, au ministère de l’Intérieur, un cycle de consultations pour finaliser le projet de loi contre les séparatismes . « Nos prédécesseurs Christophe Castaner et Laurent Nunez avaient commencé à travailler le texte, nous l’avons repris et avons ajouté des dispositifs liés à notre sensibilité propre et correspondant à l’urgence du moment », a précisé la ministre déléguée chargée de la Citoyenneté au micro de l’émission « Le Grand Rendez-vous » Europe 1 – « Les Echos » – CNews. Seront prochainement reçus Place Beauvau, les représentants des cultes, les parlementaires, les élus locaux et les experts concernés par les questions de radicalisation.
Le sujet est-il de « lutter contre l’islam radical » ? « Je suis tranquille pour le dire en ces termes mais il n’y a pas que cela », a concédé l’ancienne secrétaire d’Etat à l’Egalité entre les femmes et les hommes, en pointant le suprémacisme blanc, également visé par le projet. Avec le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, ce lundi, le gouvernement va aussi se pencher sur la question de la déscolarisation des filles dans certains quartiers et sur la nécessaire préservation de « l’espace de respiration républicaine » qu’est l’école.
Remboursement des subventions
Dans le viseur du projet de loi, « une nouvelle offre communautariste qui, sous couvert d’activités comme l’aide aux devoirs, fait en réalité de l’entrisme avec des fonds publics ». Pour contrecarrer ces associations, la ministre déléguée croit dans le contrat d’engagement sur les valeurs de la République et la laïcité, avec droit d’opposition du ministère de l’Intérieur. « Pas un euro d’argent public ne sera versé aux ennemis de la République. […] Dès lors que nous constaterons que les valeurs de la République, la laïcité, mais aussi l’égalité entre les femmes et les hommes, ne sont pas respectées, nous couperons les vivres […] », a-t-elle expliqué. La sanction sera rétroactive avec remboursement des subventions.
Après le rapport des députés Eric Diard (LR, Bouches-du-Rhône) et Eric Poulliat (LRM, Gironde) sur la radicalisation dans les services publics, le ministère de l’Intérieur travaille sur la possibilité de révocation des agents radicalisés : « Nous sommes en train de mettre le curseur », a indiqué Marlène Schiappa.
La ministre déléguée, qui est chargée de l’intégration des étrangers en France, a par ailleurs rappelé que le gouvernement désirait accélérer sur la naturalisation des personnes de nationalité étrangère engagées dans une démarche pour devenir citoyen français et qui ont travaillé en première ligne pendant le Covid.
Interrogée sur les départs des députés LREM, la ministre a dédramatisé la manoeuvre : « Beaucoup sont partis au Modem, nos voisins, nos partenaires. C’est la même maison, la même majorité », a expliqué celle pour qui « la sociale démocratie et la gauche républicaine ont tout pour se reconnaître dans la politique menée par Emmanuel Macron ».