La reprise est sur de bons rails. C’est en tout cas ce que pensent les économistes de la Banque de France. Dans leurs prévisions présentées ce lundi, ils tablent sur une baisse du PIB de 8,7 % cette année, soit une contraction toujours prononcée mais sensiblement moins forte que celle anticipée en juin (-10,3 %). C’est aussi nettement moins élevé que le chiffre anticipé au début de l’été par le gouvernement, désormais poussé à revoir ses calculs pour le projet de loi de Finances qui sera présenté fin septembre en Conseil des ministres. Bercy prévoyait jusqu’ici un recul du PIB de 11 % cette année.
« Le rebond de l’activité de ces derniers mois est plus prononcé que ce à quoi nous nous attendions », explique Olivier Garnier, directeur général des études et des relations internationales à la Banque de France. « Même en août, l’activité a été meilleure que ce que les chefs d’entreprise prévoyaient, poursuit-il. Les carnets de commandes dans l’industrie se sont bien redressés, même s’ils restent bien en dessous de leur moyenne de long terme. » L’amélioration est particulièrement visible dans l’automobile . En revanche, « l’aéronautique reste plus de 25 % en dessous de la normale », selon Olivier Garnier.
Rebond marqué l’an prochain
L’an prochain, mécaniquement, le rebond sera marqué, l’année 2020 ayant été plombée par le confinement. La Banque de France prévoit une hausse du PIB de 7,4 % en 2021 – le chiffre était de 6,9 % en juin dernier – sans tenir compte des effets du plan de relance . Il est en effet difficile de savoir quelles sommes seront réellement utilisées cette année et l’an prochain. Quoi qu’il en soit, une telle performance serait bien meilleure que celle de nos voisins. En effet, la Banque centrale européenne table, elle, sur une croissance de 5 % dans la zone euro l’an prochain. La France ne serait donc pas le plus mauvais élève du continent.
« Nous allons mettre dix-huit mois à partir de maintenant pour retrouver le niveau de PIB de la fin 2019 », estime Olivier Garnier, qui date ce retour au début de l’année 2022. Toutefois, cette prévision est encore particulièrement incertaine. Un quart des entreprises interrogées par la Banque de France avouent ne pas savoir quand leur activité reviendra à la normale.
« Le problème de la consommation est un problème de confiance »
L’évolution de la situation sanitaire, mais aussi celle de la consommation qui en découle en partie, sont difficiles à anticiper. « La consommation est plutôt bien repartie parce que les revenus des ménages ont été à peu près préservés dans leur ensemble pendant la crise », selon Olivier Garnier, grâce aux mesures gouvernementales telle que l’activité partielle. Pour lui, en France, « en 2020, il y a eu une politique de la demande puisque les ménages ont supporté 10 % du coût de la crise alors qu’ils représentent 60 % du revenu national ». Donc, « aujourd’hui, le problème de la consommation n’est pas un problème de revenu mais de confiance ».
Sur ce point, l’évolution du marché du travail sera déterminante pour que les ménages dépensent. L’économie française mettrait du temps pour recréer les emplois perdus pendant la crise. Entre la fin 2020 et la fin 2022, 725.000 emplois seraient créés alors que 825.000 devraient être détruits sur la seule année en cours. La bataille de la reprise se jouera sur le terrain de l’emploi.
Avec une bonne nouvelle : si les entreprises se sont beaucoup endettées pour passer cette crise, « elles ont tiré par précaution sur des lignes de crédit auxquelles elles avaient accès chez leurs banques », selon Olivier Garnier. Elles ont aujourd’hui une trésorerie importante qui pourrait permettre à beaucoup d’entre elles de passer les prochains mois.