Sept milliards de cotisations en moins. Cette année, le choc du coronavirus a fait chuter de 5,7 % la masse salariale à l’Agirc-Arrco, le régime de retraite complémentaire des salariés du privé. Un vrai coup dur pour les partenaires sociaux , qui venaient de redresser les comptes de leur régime paritaire avec presque 1 milliard de bénéfices l’année dernière, au prix de gels répétés des pensions .
A cause du trou d’air de l’activité, les pensions complémentaires devraient à peine croître cette année. Voire pas du tout. Les partenaires sociaux gestionnaires du régime se sont réunis mardi soir pour commencer à en discuter.
Une inflation de 0,2 %
Sur la période de référence qui sert à fixer le montant de revalorisation annuelle des pensions, c’est-à-dire les douze derniers mois glissants jusqu’à novembre, la hausse des prix hors tabac est attendue à seulement 0,2 %. Un niveau extrêmement bas. Si ce taux se confirmait sur l’année, pour les retraites de base du régime général (revalorisées en janvier), cela ne coûterait que 260 millions d’euros. Selon nos informations, le gouvernement ne souhaite pas geler les revalorisations au régime de base.
L’Agirc-Arrco va-t-elle s’en inspirer ? Suivre l’inflation serait pour elle encore moins cher car, à ce taux de 0,2 %, il faut soustraire près de 0,1 point de rattrapage sur le trop-perçu de 2019, année où la revalorisation a atteint 1 % . On tomberait à 0,1 % de progression en novembre, soit 80 millions d’euros de dépenses supplémentaires.
« C’est si peu, pourquoi y renoncer ? », interroge Frédéric Sève, à la CFDT. Les résultats de l’Agirc-Arrco ne sont d’ailleurs pas aussi catastrophiques qu’attendu en juin, souligne-t-il : « Les entreprises à qui des délais de paiement avaient été accordés au plus fort de la crise commencent à payer. Plutôt que 10 milliards de déficit cette année, on pourrait atterrir entre 6 et 8 milliards ».
Les échéances de janvier
En réalité, les arbitrages les plus difficiles concernent surtout les échéances de janvier. En jeu : la revalorisation de la valeur d’achat du point (combien rapportent les heures travaillées) et sa valeur de service (combien vaut-il au moment de la liquidation de la retraite). « Les employeurs pourraient demander qu’on ne revalorise pas le point à la liquidation, et qu’on lisse l’évolution du point à l’achat sur plusieurs années », signale Michel Beaugas, négociateur retraites chez FO. Une fois que la poussière sera retombée après la crise, il sera temps de voir s’il faut renégocier un accord national interprofessionnel pour redresser les comptes à long terme.