Pas de répit face au coronavirus, tant que la population n’aura pas été largement immunisée . Douze jours après l’assouplissement du confinement , la décélération de l’épidémie se tasse, au point que le gouvernement envisage de repousser la date du déconfinement au-delà du 15 décembre. Cruelle désillusion après les espoirs soulevés par la décrue rapide de novembre.
« La saison hivernale sera très difficile », « malgré tous nos efforts collectifs et individuels, nous sommes toujours face à un risque élevé de rebond épidémique », a reconnu le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, ce lundi soir. Il a tout à la fois tiré la sonnette d’alarme, et insisté sur le fait que nos voisins européens souffraient aussi. « Nous sommes à 11.000 cas par jour, alors que nous étions à 5.000 par semaine au coeur de l’été », a-t-il souligné, avant de « passer un message de grande prudence », car le froid, l’humidité, et l’enfermement sont propices au virus.
« Est-ce un plateau qui s’installe ? Une baisse qui va redémarrer ? », s’est interrogé le haut fonctionnaire. En tout cas, les taux d’incidence sont supérieurs à 100 pour 100.000 habitants, voire 150/100.000, dans le Grand Est, en Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté et dans le Sud-Ouest. La situation sanitaire des hôpitaux a aussi tendance à se dégrader dans le Grand Est et en Occitanie.
Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé ce lundi aux présidents des groupes parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale que les chiffres de contaminations étaient mauvais et qu’on ne descendrait pas jusqu’à 5.000 nouveaux cas par jour le 15 décembre. Emmanuel Macron avait conditionné le déconfinement à l’atteinte de cet objectif, plus un autre de 2.500 à 3.000 patients Covid en réanimation .
Une pente de 16 % au lieu de 34 %
« Si le ralentissement de la baisse se poursuit, nous ne pensons pas que nous aurons passé la barre des 5.000 cas quotidiens avant le 15 décembre », estime Simon Cauchemez, le modélisateur épidémiologique de l’Institut Pasteur, qui réalise les projections pour le compte du gouvernement. « Pour les 3.000 lits de réanimation, c’est différent vu qu’on est déjà près de cet objectif », ajoute-t-il – avec, en effet, 3.210 personnes en réanimation dimanche.
Les nouvelles contaminations sont tombées à 8.323 cas quotidiens en moyenne du 27 novembre au 3 décembre, selon le site CovidTracker. La baisse n’est donc plus que 16 % sur sept jours, contre une pente de 34 % du 23 au 29 novembre . Les autres indicateurs ne sont pas très engageants non plus : la masse de patients Covid hospitalisés ne fond plus que de 7 % en sept jours au 6 décembre, et ceux en réanimation de 14 %. La situation hospitalière s’est arrangée en Ile-de-France, mais elle est variable selon les régions.
La folie des courses de Noël
La lenteur de la décrue avait été anticipée par le Conseil scientifique placé auprès du gouvernement pour l’aider à piloter l’épidémie, puisqu’il n’a jamais envisagé de passage en deçà de 5.000 contaminations par jour avant janvier. Les comportements individuels inquiètent les médecins : « Hier, c’était la folie dans les rues de Paris et les grands magasins pour faire les courses de Noël », s’inquiète un épidémiologiste qui redoute une nouvelle flambée, comme aux Etats-Unis suite à Thanksgiving.
Le gouvernement, qui s’était montré indécis en septembre, semble prendre très au sérieux cette nouvelle alerte, et consulte pour aviser de la marche à suivre. Mercredi, le Conseil de défense sanitaire se prononcera sur le déconfinement.
Sera-t-il maintenu le 15 décembre ? Le cas échéant, une série de mesures sont envisageables afin de freiner l’épidémie : avancer l’heure du couvre-feu, durcir le protocole sanitaire imposé aux salles de spectacle, renoncer à rouvrir les gymnases pour les enfants… Noël sera probablement préservé, mais un drôle de Noël tout de même.