En France, le coût de la crise risque d’affaiblir durablement les entreprises

Selon l'OFCE, les entreprises françaises prennent à leur charge 30 % des pertes de revenu national dues à la crise du Covid-19, soit 60 milliards d'euros. Les mesures d'urgence ont plus soutenu les ménages que les entreprises. Taux de marge et investissements vont s'en ressentir.


An employee works oak wood to make staves for the cooperage at the staves mill company B2A, in Vincey, eastern France, on December 11, 2020. (Photo by JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP)

Les mesures d’urgence prises par le gouvernement pour soutenir les entreprises ont beau être massives, elles ne suffiront pas. Le tissu productif français va devoir supporter une partie importante du coût de la crise du Covid-19 . Les économistes de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) chiffrent à 190 milliards d’euros la perte de revenus entraînée pour l’économie française en 2020.

La sphère publique, via les dispositifs de soutien qui sont venus grossir la dette publique mais aussi à cause de la chute des recettes fiscales, prendra à son compte les deux tiers de ce chiffre, soit 125 milliards d’euros. Le dispositif d’activité partielle coûtera la bagatelle de 30 milliards d’euros cette année et le fonds de solidarité, de l’ordre de 20 milliards. Les ménages encaisseront, eux, une perte de revenus de 8 milliards, soit seulement 4 % du total. Le reste sera à la charge des entreprises. « Les entreprises devront absorber 30 % de la perte de revenu, soit près de 60 milliards d’euros », a calculé Mathieu Plane, économiste à l’OFCE.

Avec tout de même une différence au cours des trois derniers mois de l’année. La solidarité nationale a pris en charge une plus grande part des pertes au quatrième trimestre, lors du deuxième confinement . La sphère publique a absorbé 85 % des pertes de revenus, toutefois plus faibles qu’au printemps, les fermetures administratives ayant été plus restreintes.

Baisse du taux de marge

Globalement, sur l’année 2020, les moindres revenus des entreprises, qui ont plus chuté qu’en Allemagne, la crise ayant été plus violente en France, vont se traduire par un recul du taux de marge. Celui-ci devrait baisser à 28,8 % de la valeur ajoutée dégagée par le secteur privé, 1 point en dessous du niveau déjà bas de 2013, c’est-à-dire l’année qui a précédé la prise en compte du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) de 20 milliards d’euros.

A cette aune, il n’est donc pas sûr que la baisse de 10 milliards d’euros des impôts de production puisse être considérée comme un « cadeau » aux entreprises, comme le dénonce une partie de l’opposition de gauche. En effet, « le choc de la crise a été plus supporté par les entreprises que par les ménages », rappelle Olivier Garnier, directeur général de la Banque de France en charge des statistiques et des études, dont les estimations diffèrent toutefois de celles de l’OFCE.

Soutien aux ménages plutôt qu’aux entreprises

Selon les économistes de la société de gestion Candriam, la perte des entreprises françaises atteindrait globalement 3 % du PIB cette année, contre 2 % «seulement» en Allemagne. D’ailleurs, d’une façon assez classique, les mesures d’urgence ont plus cherché à aider les entreprises que les ménages de l’autre côté du Rhin. En France, c’est l’inverse, le revenu des ménages ayant été en grande partie préservé. D’où aussi le fait que le plan de relance fasse la part belle aux entreprises en France.

Pour Patrick Artus, chef économiste de Natixis, « l’Etat a moins soutenu les entreprises en France que dans le reste de la zone euro ». Comme le recul des profits des entreprises en France sera plus important et l’endettement plus élevé, « la dégradation des bilans des entreprises due à la crise de la Covid va être plus grave en France que dans l’ensemble de la zone euro », alerte-t-il.


myspotvip

Lorsque vous vous inscrivez et vous recevrez les meilleures offres de MySpotVip et vous recevrez également un guide d'ÉPARGNE.
Préparez-vous pour les offres VIP les plus exclusives et uniques!