Les chaudières au fioul, dont les jours sont désormais comptés avec la prochaine publication d’un décret interdisant toute nouvelle installation à partir du 1erj janvier 2022 (et dès juillet 2021 dans les logements neufs), ne sont pas que polluantes. Ce mode de chauffage est aussi très coûteux. L’an dernier, les plus de 3 millions de foyers qui en sont équipés ont dépensé en moyenne 2.108 euros, selon une étude dévoilée ce jeudi par Effy, société de conseil en économie d’énergie.
Un chiffre très au-dessus de la note moyenne de chauffage, estimée en 2020 à 1.684 euros par foyer, selon ces experts, qui tirent leurs résultats de l’analyse des montants déclarés par plus de 10.200 utilisateurs sur ces simulateurs de bilan énergétique. La note de fioul est près de deux fois supérieure à celle chauffage au bois (1.147 euros) et dépasse très nettement la facture des consommateurs qui recourent au gaz (1.369 euros) et à l’électricité (1.777 euros).
Mesure réglementaire
Elément pondérateur, l’électricité – et non plus le fioul – constitue le mode de chauffage le plus cher rapporté au m2. Mais de très peu. La dépense est de 16 euros/m2 dans le premier cas, contre 15 euros dans le second. « En général, les foyers équipés d’un chauffage au fioul sont plus spacieux que ceux qui se chauffent à l’électricité : 142 m2 versus 112 m2 », indique l’étude. C’est ce qui explique pourquoi la facture la plus élevée revient, au final, au fioul. En revanche, la donne ne change pas pour le chauffage au bois et celui au gaz, très compétitifs avec une dépense, respectivement, de 9 et 11 euros.
Le futur décret qui va bannir les chaudières au fioul, annoncé à l’issue du Conseil de défense écologique du 27 juillet dernier, fait partie des propositions émanant de la Convention citoyenne pour le climat dont la mise en route peut intervenir de façon réglementaire. Le texte en projet, ouvert à la consultation ce jeudi , « propose d’interdire l’installation des systèmes de chauffage et de production d’eau chaude sanitaire utilisant principalement des combustibles très fortement émetteurs en gaz à effet de serre dans les bâtiments résidentiels et les bâtiments tertiaires », indiquent les services d’Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée au Logement.
Des exceptions
Le seuil d’émission fixé est de 250gCO2eq/kWh. Il concerne majoritairement les installations au fioul et au charbon. « Le chauffage au fioul d’une maison moyenne de 100 mètres carrés pendant un an représente 50.000 km en voiture », selon le ministère. Celui-ci table sur le remplacement d’ici à 2028 de la quasi-totalité des chaudières par des modèles plus écologiques.
Ce qui veut dire que le gouvernement n’entend pas faire le jeu d’une certaine forme d’obsolescence programmée : sauf panne irréparable, les chaudières en état de marche pourront fonctionner autant qu’elles le pourront. Des exemptions à l’interdit jeté par le futur décret sont prévues. Notamment si l’usager ne dispose d’aucune solution technique viable pour se raccorder à un réseau de chaleur ou de gaz naturel. Enfin, il pourra également continuer de faire tourner sa chaudière s’il recourt à du biocombustible et ce dans la limite du niveau d’émission fixé par le texte réglementaire à paraître.