Ce sont les nouvelles victimes des restrictions gouvernementales. Ce jeudi soir, le Premier ministre Jean Castex a annoncé que les « grandes surfaces commerciales non alimentaires de plus de 5 000m² seront fermées sept jours sur sept dans le Pas-de-Calais ». Dans les 22 autres départements sous surveillance, la jauge pour fermer les centres commerciaux sera de 10 000 m² alors que tous les établissements de plus de 20 000m² ont d’ores et déjà baissé le rideau en France depuis plus d’un mois.
Une centaine de nouveaux centres commerciaux fermés. Dans les 23 départements sous surveillance, et notamment partout en Île-de-France et sur le littoral méditerranéen, plus de 130 nouveaux centres commerciaux seront fermés d’ici vendredi à minuit. « Cela fait plus de 500 centres commerciaux dans toute la France car il y en avait déjà 400 de plus de 20 000 m² fermés, estime-t-on à Bercy. Au total, cela impacte 25 000 boutiques, soit 3 000 de plus que lorsque la jauge était 20 000 m². » Seule concession : les clients qui ont d’ores et déjà passé commande dans les boutiques amenées à baisser le rideau pourront la récupérer jusqu’à samedi.
Les grands magasins de bricolage impactés. Situés en dehors des centres commerciaux, mais avec une surface de plus de 10 000m², de nombreux magasins indépendants devront également fermer. Les boutiques de bricolage – Leroy Merlin, Bricorama, Castorama… – mais aussi des établissements comme Ikea vont être touchés dans les 23 départements concernés par la mesure. « On estime que 115 nouveaux établissements de plus de 10 000m² – qui ne sont pas des centres commerciaux mais des magasins – devront fermer dans les départements où la vigilance est renforcée, assure-t-on au ministère de l’Economie. Au total, 185 grands magasins ne pourront donc plus ouvrir partout en France et parmi eux, 150 sont des grandes surfaces de bricolage. »
Le pire a été évité de justesse. « A la sortie du Conseil de Défense, mercredi, la jauge à 5 000m² devait être appliquée dans les 23 départements », explique-t-on dans l’entourage de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie. Ce jeudi après-midi, une réunion d’urgence organisée à Bercy a toutefois permis aux fédérations de professionnels d’apporter leurs arguments : une telle décision concernerait trop d’établissements. A Bercy, on estime que 200 nouveaux centres commerciaux et leurs 8 000 commerces, ainsi que 800 magasins indépendants auraient dû baisser le rideau. « Avec une jauge à 5 000m², cela revient à fermer une grande partie des Fnac, Décathlon, Boulanger ou Darty, concède-t-on à Bercy. Cela faisait beaucoup de monde. » Finalement, Bruno Le Maire a proposé une jauge intermédiaire entre les 20 000 m² déjà entrés en vigueur et les 5 000 m² actés au Conseil de Défense, qui ne concernent que le Pas-de-Calais. Matignon a tranché et validé cette proposition vers 15h30 ce jeudi.
Les professionnels « déçus ». Malgré ce compromis, les représentants des centres commerciaux se disent néanmoins « très déçus » : « non seulement, les études scientifiques rappellent qu’il n’y a pas de clusters dans les magasins, mais les périodes de forte affluence comme celles des soldes sont passées », argumente Gontran Thüring, le délégué général du Centre national des centres commerciaux (CNCC), qui demande a minima que cette « mesure dure soit à durée déterminée ». Même son de cloche du côté d’Emmanuel Le Roch, le délégué général du Procos (300 enseignes et 60 000 salariés concernés) : « ces fermetures supplémentaires vont encore plus fragiliser les commerces », assène celui qui demande maintenant à ce que ces « fermetures soient les plus courtes possible et que l’on donne enfin aux commerçants une visibilité en termes de réouvertures comme d’aides apportées par l’Etat ».