Back Market, spécialiste français du téléphone reconditionné, a annoncé, mardi 18 mai, une levée de fonds de 276 millions d’euros, levée qui le fait entrer dans le club fermé des « licornes » françaises, ces jeunes sociétés tech dont la valeur est estimée à plus de 1 milliard de dollars. Une porte-parole du groupe n’a cependant pas souhaité préciser le montant exact de la valorisation de l’entreprise.
« Cette levée est évidemment une excellente nouvelle pour Back Market, et particulièrement pour son développement international », s’est félicité Thibaud Hug de Larauze, cofondateur et PDG de Back Market, cité dans le communiqué de l’entreprise. Mais cette nouvelle a aussi « un goût amer pour toute l’équipe », regrette la société, qui dénonce l’intention du gouvernement d’instaurer une redevance pour copie privée sur les produits reconditionnés. « On n’a pas trop envie de faire la fête », a avoué la porte-parole de Back Market.
« Sécuriser notre modèle économique »
Le projet de taxer les téléphones reconditionnés en leur appliquant « une redevance copie privée », porté par le ministère de la culture, ferait « augmenter le prix de vente des téléphones reconditionnés de plus de 10 % », avait dénoncé en février le Sirrmiet, syndicat professionnel du secteur.
« Condamner cette filière française du reconditionnement, c’est aussi attaquer frontalement le pouvoir d’achat des Français, au moment où il n’a jamais été aussi faible. Aujourd’hui, à titre d’exemple, 40 % des clients de Back Market sont dans [une] situation précaire », selon le communiqué de l’entreprise. « Nous sommes une entreprise française, et le succès de Back Market s’est construit en France, avec ces reconditionneurs français aujourd’hui menacés. Il est donc difficile pour nous de sabrer le champagne tant que l’on n’aura pas obtenu des engagements du gouvernement pour sécuriser [leur] modèle économique », affirme M. Hug de Larauze.
Fondée en 2014, la start-up française compte 480 salariés, répartis entre Paris, Bordeaux, New York et Berlin. L’entreprise est présente dans treize pays, dont la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon. Back Market avait levé 110 millions d’euros il y a un an, après avoir déjà effectué une précédente opération de 41 millions d’euros en 2018, en vue de poursuivre son expansion internationale.