Les jeunes plus réceptifs que les seniors aux campagnes anti-tabac

L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies publie ce lundi une étude sur les effets de la lutte anti-tabagisme depuis la loi Evin. Le recul le plus fort de la consommation quotidienne s'observe chez les jeunes. Ils sont sensibles au bannissement de la cigarette de l'espace public et aux initiatives telles que le paquet neutre.


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Aboutir à la première génération sans tabac en 2030. C’est le pari des politiques publiques de lutte contre le tabagisme depuis 2014. Et « ce n’est pas irréalisable », estime Marc-Antoine Douchet, chercheur à l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), et coauteur d’une étude publiée ce lundi, synthétisant les acquis de trente années d’efforts pour réduire le tabagisme.

En 1991, la loi Evin a posé le cadre – réduction de l’accès au tabac, diminution des incitations à fumer. Par la suite, trois leviers ont été actionnés par les gouvernements successifs : interdiction de fumer dans des lieux à usage collectif (notamment les restaurants en 2008) ; interdiction de la publicité directe ou indirecte (couplée à des avertissements sanitaires, tel le « fumer tue » occupant 30 % de la face externe du paquet en 2003, puis 65 % en 2017) ; hausse de la fiscalité ( le prix du paquet de cigarettes a bondi de 7 à plus de 10 euros en 2017-2020).

Chute de 31 % à 12 % de fumeurs de 16 ans

Même si les fumeurs sont encore nombreux en France , les ventes ont chuté de moitié en vingt ans, et le tabagisme des adultes a reculé de 8 points ​entre 1992 et 2020, à 26 %. Mais les jeunes ont été les premiers à renoncer au tabac.

Entre 2000 et 2017, parmi la population âgée de 17 ans, la proportion de fumeurs quotidiens a chuté de 16 points, passant de 41 % à 25 %. Quant aux adolescents de 16 ans, alors que 31 % fumaient tous les jours en 1999, ils ne sont plus que 12 % en 2019. « La France revient dans la moyenne européenne dans cette tranche d’âge », commente Marc-Antoine Douchet, en ajoutant que l’âge de la première expérience a reculé en parallèle, passant de 13 ans et demi à 14 ans et demi.

A l’inverse, les 55-75 ans n’ont pas diminué leur consommation de tabac récemment. A croire que les jeunes sont plus réceptifs aux politiques anti-tabac que leurs aînés. « Il est très difficile de faire sortir du tabac les ‘hard smokers’, ces fumeurs qui ont un parcours tabagique long et une grande consommation. On parvient mieux à moduler les débuts de carrière tabagique », reconnaît Marc-Antoine Douchet.

La première génération qui n’a pas vu de tabac dans les bars

Justement, la génération née après les années 2000 a été « la première pleinement concernée par l’interdiction de vente aux mineurs », note l’OFDT. Elle n’a pas vu de tabac dans les bars, les entreprises, les transports publics. « Le bannissement de la cigarette dans l’espace public semble contribuer à durcir la défiance à l’égard du tabac chez les plus jeunes », observent les chercheurs.

De même, la multiplication des messages de santé publique influe sur les perceptions. Même si le tabac est rarement cité comme une « drogue », le dernier sondage d’opinion de l’Observatoire montre que 49 % des Français considèrent qu’une consommation occasionnelle est nocive, contre 22 % il y a vingt ans.

L’introduction en 2017 du paquet neutre et uniformisé , sans logo, a renforcé le mouvement. « En 2016-2017, les jeunes de 17 ans que nous avons sondés se disaient sensibles à un beau packaging, et au message véhiculé – un produit artisanal, voire light, en apparence moins dangereux », raconte Marc-Antoine Douchet. Ces stimuli n’existent plus. « Il reste des préférences pour les marques chez les adultes, mais pour les jeunes, c’est plus difficile d’accrocher sans le cow-boy, le petit chameau ou les arômes de bonbon », se félicite le chercheur.

Enfin, la génération née après 2000 a subi de plein fouet les deux vagues de hausse des prix de 2003 puis 2017. Pour elle, le prix du tabac « est jugé excessif et ne fait pas apparaître la cigarette comme un investissement rationnel pour les bénéfices perçus en termes de plaisir », écrit l’OFDT. Le message de santé publique est bien passé.


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