« La crise sanitaire n’est pas derrière nous. Nous allons vivre encore plusieurs mois avec le virus. » Emmanuel Macron a appelé ce mercredi « au civisme » depuis le fort de Brégançon, son lieu de villégiature, où il a animé le Conseil de défense sanitaire en fin de matinée. Il faut empêcher la « fermeture du pays », alors que des reconfinements stricts ont lieu aux Antilles, a-t-il insisté.
Pour combattre le variant Delta, l’exécutif a annoncé dans la journée le renforcement du protocole dans les centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés. Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a demandé aux préfets d’exiger la présentation du passe sanitaire lorsque le nombre de nouveaux malades d’un département dépasse les 200 pour 100.000 habitants (taux d’incidence). Une trentaine de départements seraient déjà concernés, en majorité dans le sud de la métropole.
Le président de la République a une nouvelle fois martelé que le salut passait par la vaccination : « Il faut tenir au moins la cible des 50 millions de (primo) vaccinés à la fin du mois d’août », en attendant de vacciner « tous les Français qui peuvent l’être », a-t-il répété. Le 9 août, 55,9 % des Français (et 65,1 % des plus de 12 ans) présentaient un schéma de vaccination complet. Dès la mi-septembre, une troisième dose sera proposée aux plus de 80 ans et aux personnes les plus vulnérables.
« Démonstration cruelle » de l’efficacité vaccinale aux Antilles
La situation aux Antilles offre « la démonstration cruelle » que « la vaccination est le moyen le plus efficace » de parer au virus, a souligné Emmanuel Macron en visioconférence. D’après Santé publique France, au 9 août, seuls 17,4 % de la population était totalement vaccinée en Guadeloupe, 17,8 % en Martinique. Une « situation dramatique », a alerté le chef de l’Etat alors que l’épidémie se propage à vitesse grand V. En témoignent les taux d’incidence record : 1.176 nouveaux malades pour 100.000 habitants en Martinique, 1.855 en Guadeloupe. Les hôpitaux sont saturés. Selon des médecins interrogés par Franceinfo, les services de réanimation seraient parfois contraints de trier leurs patients.
Plus de 300 soignants et pompiers sont arrivés mardi soir en renfort dans les hôpitaux antillais. La Martinique, déjà partiellement reconfinée depuis fin juillet, a basculé dans un confinement strict, avec fermeture des plages et déplacements limités dans la journée. La Guadeloupe va être soumise au même régime à partir de ce mercredi soir.
Pour inciter les Français à se vacciner, le gouvernement a aussi confirmé l’arrêt mi-octobre du remboursement des tests non prescrits. « Les tests à répétition n’empêchent pas d’aller à l’hôpital et de contaminer fortement. D’ici mi-octobre, chacun aura eu le temps de s’organiser et de prendre ses responsabilités », a précisé Gabriel Attal .
Défense du passe
Emmanuel Macron a aussi tenu à défendre la stratégie du passe sanitaire, obligatoire depuis le 9 août dans un certain nombre de lieux au contact du public. Il a rappelé à l’ordre ceux, notamment parmi les restaurateurs, qui menacent de ne pas l’appliquer. « Quand il n’y avait plus de chiffre d’affaires à cause de l’épidémie, c’est l’argent public qui a permis de rémunérer les responsables de ces lieux. Il est donc légitime de leur demander une part de responsabilité », a-t-il insisté.
Le chef de l’Etat a enfin réfuté les accusations de « dictature sanitaire », portées par les opposants au passe sanitaire. « Jamais dans notre histoire une crise d’une telle ampleur n’a été combattue de manière aussi démocratique », a-t-il affirmé, fustigeant ceux qui « font commerce de cette pandémie pour gagner des parts de marché politiques ».