Malgré une performance en demi-teinte dans certaines de ses disciplines de prédilection, la France a maintenu son rang aux Jeux Olympiques de Tokyo tout juste clôturés. Les universités, grandes écoles et organismes de recherche hexagonaux ont fait de même si l’on en juge par le millésime 2021 du Classement international de Shanghai publié ce dimanche. Avec quatre établissements dans le Top 100, contre cinq l’année précédente, la France reste au pied du podium, ex aequo avec l’Allemagne et le Canada, très loin derrière les Etats-Unis (40), mais à portée de main du Royaume-Uni (8), de la Chine et de l’Australie (7 chacun), ainsi que de la Suisse (5).
La France conserve la première place pour ce qui est des établissements d’Europe continentale. Pour la deuxième fois consécutive , Paris-Saclay se hisse parmi les 15 premières universités internationales, et gagne même une marche pour occuper la 13e. Champion mondial en mathématiques dans le palmarès thématique établi par l’université Jiao-tong de Shanghai, l’établissement regroupe entre autres Paris-Sud, AgroParisTech et Centrale Supelec.
Destins divers
Les autres champions hexagonaux ont connu des fortunes diverses en un an. Après avoir progressé de 5 places en 2020, l’université de la Sorbonne en a gravi 4 supplémentaires pour attendre le 35e rang mondial. Paris Sciences et Lettres, qui comprend l’ENS et Paris-Dauphine notamment, en a abandonné 2 (38e). Paris-Descartes (Paris-V) et Paris-Diderot (Paris-VII), qui ont uni leurs destins pour former l’Université de Paris, reculent également (73e place, -8). Après avoir fait son entrée dans le Top 100, Grenoble-Alpes, enfin, en est ressorti.
Le classement de Shanghai existe depuis 2003. Les 1.000 premières universités sont évaluées au travers d’une demi-douzaine de critères : nombre de prix Nobel et de médailles Fields parmi les anciens élèves ou enseignants-chercheurs, de chercheurs les plus cités, d’articles publiés dans « Nature and Science », d’articles indexés dans « Science Citation Index-Expanded » et « Social Science Citation Index » ainsi que la performance académique des professeurs.
Domination américaine
Son apparition a provoqué de nombreux débats en France même si, depuis, il a fini par s’imposer dans le paysage. On ne peut pourtant pas réduire la qualité des établissements à ce seul classement. « C’est un classement très classique dans sa conception, c’est-à-dire qu’il se base sur des mesures quantitatives comme le nombre de prix Nobel, et ne prend pas en compte les autres missions des universités comme l’implication locale, la lutte contre l’inégalité des chances », rappelle Christine Musselin, directrice de recherche CNRS à Sciences Po, spécialiste de l’enseignement supérieur.
« Ce n’est pas tout à coup la qualité de la science française qui a augmenté », tempère-t-elle. La tendance au regroupement préexistant déjà, il s’est sans doute accéléré avec le classement de Shanghai, ce dont a particulièrement profité Paris-Saclay, au moins pour son rayonnement international.
« Plus que jamais, les nouveaux modèles d’universités mis en place en 2018 font leur preuve : trois des quatre universités françaises classées dans le Top 100 sont ainsi issues de cette politique de regroupement d’établissements », a réagi dans un communiqué la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, Frédérique Vidal.
Pour le reste, le classement de Shanghai s’écrit en américain, les plus prestigieuses universités d’outre-Atlantique – Harvard, Stanford, MIT, Berkeley ou encore Princeton – occupant huit des 10 premières places mondiales. La domination n’est pas totale puisque les deux champions britanniques maintiennent pavillon haut. Cambridge conserve sa médaille de bronze, tandis qu’Oxford, désormais 7e mondial, se paie le luxe de gagner 2 places.