Unanimes pour refuser une nouvelle concertation sur les retraites , les syndicats le sont tout autant pour réclamer des hausses de salaires. Ce sera d’ailleurs l’un des mots d’ordre de la journée de grève du 5 octobre à l’appel de l’intersyndicale CGT-FO notamment. A cette revendication, le gouvernement renvoie vers les employeurs, lesquels risquent, s’ils n’ont pas déjà commencé à le faire, de devoir lâcher du lest : avec une reprise sur les chapeaux de roues, ils n’ont jamais autant cherché à embaucher.
En témoigne le nombre d’offres d’emplois sur le site de Pôle emploi, qu’elles proviennent de ses propres canaux ou de ceux de la centaine de ses partenaires. Le chiffre varie chaque jour mais le sens de la pente ne fait pas de doute : près de 975.000 mercredi dernier, 916.000 jeudi, 952.000 vendredi en milieu de matinée… Le seuil du million a été dépassé plusieurs fois en juin ! Du jamais-vu, assure-t-on au sein de l’opérateur public, sachant que 700.000 les mois d’été sont déjà considérés comme un niveau « important ».
Chemin parcouru
Sur les quatre semaines s’étalant du 26 juillet au 22 août, le nombre de nouvelles offres déposées sur le site dépassait de près de 11 % celui de la même période de 2019, avant la crise donc (le marché du travail était alors très bien orienté). La hausse est encore plus forte pour certains métiers, comme ceux de l’hôtellerie-restauration (+12,7 %), du commerce alimentaire et des métiers de bouche (+27,7 %), du transport et de la logistique (+18,8 %), pour ne pas citer la santé (+44,4 %).https://a5a322f973ecf82ea072a272bbfb80b1.safeframe.googlesyndication.com/safeframe/1-0-38/html/container.html
Pôle emploi ne produit pas de série historique quotidienne, mais un retour rapide en arrière montre le chemin parcouru. Le 6 avril 2020, son site recensait 512.000 offres seulement, 143.000 de moins en deux semaines . La chute liée à la première grande mise sur pause de l’économie ne faisait que démarrer puisque le compteur est tombé à 380.000 trois semaines plus tard.
Une sur deux en CDI
Contacté, l’opérateur public précise que la hausse du nombre d’offres diffusées sur son site résulte aussi bien de la demande assez forte dans plusieurs secteurs que de celle des offres transmises par ses partenaires dont le nombre augmente lui aussi. A ce rythme, le deuxième trimestre est parti pour dépasser le premier durant lequel 2,14 millions d’offres ont été diffusées. Sur ce total, 60 % étaient des CDI, un pourcentage qui se maintient peu ou prou depuis.
Après ceux du chômage ou des déclarations d’embauches, ces chiffres confirment que le marché du travail est ressorti indemne de la crise, à ce stade en tout cas, le « quoi qu’il en coûte » et notamment l’activité partielle, ayant écarté le tsunami de licenciements . Au point de refaire surgir le débat sur les pénuries de compétences. Déjà très présent avant la crise, le sujet avait amené le gouvernement à lâcher du lest sur le budget de Pôle emploi pour qu’il recrute un millier de conseillers entreprise supplémentaire .
Offres pourvues plus rapidement
Le problème est réel et interpelle alors que le nombre de demandeurs d’emploi reste très élevé. Pour autant, les abandons de recrutement faute de candidat – première raison invoquée par les employeurs quand ils jettent l’éponge, devant les conditions de travail – restent très minoritaires, à peine 5 % en 2018, dernier chiffre disponible. A contrario, 9 embauches sur dix sont allées au bout cette année-là.
Toujours de manière un peu contradictoire, ou du moins paradoxale, par rapport aux témoignages des professionnels qui se plaignent de ne pas trouver de candidat : entre fin juillet et mi-août, le délai moyen de satisfaction des offres diffusées sur le site de Pôle emploi était de 34 jours, contre 42 jours sur la même période de 2019. Il faut y voir un signe supplémentaire du dynamisme de l’emploi, même si la moyenne n’occulte pas le fait que certains secteurs sont très à la peine pour recruter.