Pendant tout l’été, de l’emploi à la croissance, les signaux positifs se sont succédés pour l’ économie française . La tendance ne semble pas différente pour la situation budgétaire. Ainsi le projet de loi de finances (PLF) pour 2022, que le gouvernement doit présenter le 22 septembre en Conseil des ministres, s’annonce sous des auspices bien plus favorables que ce qui était envisagé début juillet grâce à des recettes fiscales et sociales qui rentrent à foison dans les caisses . Au point que Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, se sent désormais obligé de préciser qu’il ne compte « pas dépenser l’intégralité des fruits de la croissance, une partie allant à la baisse de la dette », histoire de ne pas installer un débat sur une cagnotte fiscale.
De fait, les chiffres que s’apprête à envoyer le gouvernement au Haut conseil pour les finances publiques s’avèrent bien meilleurs que ceux qui avaient été dévoilés il y a deux mois à l’Assemblée nationale lors du débat d’orientation budgétaire. Certes, Bercy s’est gardé de trop d’optimisme, en maintenant inchangées ses prévisions de croissance pour cette année et l’an prochain (+6 % puis +4 %). Mais la dynamique enclenchée a d’ores et déjà des effets sonnants et trébuchants.
Pression fiscale en baisse
« Nous avons de très bonnes nouvelles sur les recettes des trois principaux impôts, la TVA, l’impôt sur le revenu (IR), et l’impôt sur les sociétés (IS) », indique-t-on à Bercy. Ceci devrait également être valable pour les cotisations sociales. La reprise alimente les caisses de l’Etat et de la Sécurité sociale, alors même le gouvernement doit mettre la dernière touche l’an prochain (avec la nouvelle réduction du taux de l’IS et la poursuite de la suppression de la taxe d’habitation) aux 50 milliards d’euros de baisses d’impôts sur le quinquennat. De fait, malgré cette bonne fortune fiscale, le taux des prélèvements obligatoires devrait encore baisser l’an prochain, de 43,7 % du PIB en 2021 à 43,5 % contre environ 45 % en 2017.
En tout cas, cet afflux de rentrées dans les caisses facilite considérablement la tâche du gouvernement pour boucler son budget. « Ce PLF sera celui de la croissance durable, et sera en cohérence avec l’orientation budgétaire qui est la nôtre depuis le début du quinquennat, placée sous le sceau de la responsabilité », assure Bruno Le Maire. Le déficit est désormais attendu à 8,4 % du PIB fin 2021, alors que la prévision était de 9,4 % il y a deux mois. Même tendance pour 2022, à -4,8 % contre -5,3 % annoncé en juillet.
Endettement à la baisse
Du coup, l’endettement sera lui aussi moindre, même s’il demeure à des niveaux extrêmement élevés, inférieur à 116 % du PIB cette année et à 114 % du PIB l’an prochain. « Ce PLF soutient et affermit notre croissance, condition nécessaire au remboursement de notre dette », avance Olivier Dussopt, ministre délégué aux Comptes publics.
Ces chiffres vont toutefois encore évoluer. Si Bercy a pu intégrer le coût du « Beauvau de la sécurité » qui doit être dévoilé la semaine prochaine et des annonces pour Marseille, ce n’est pas le cas pour le revenu d’engagement et le plan d’investissement, dont les arbitrages sont toujours attendus. Cela devrait donc allonger la facture de la hausse des dépenses publiques , attendue à au moins 11 milliards d’euros. Celle-ci ne comprendra pas d’enveloppe pour des aides d’urgence face à la pandémie, puisqu’il restera de toute façon un reliquat de 2021.
Même avec de nouvelles mesures coûteuses, Bruno Le Maire assure que le déficit sera inférieur au 5,3 % envisagé en juillet, puisqu’une partie de la bonne fortune fiscale « ira au désendettement ». Le ministre de l’Economie ne veut pas se laisser enfermer dans un débat similaire à celui vécu par Lionel Jospin en 2001, quand il s’agissait de dépenser la « cagnotte fiscale ». « Les situations n’ont rien à voir. Aujourd’hui nous devons trouver un bon dosage entre relance de l’économie et redressement des comptes publics. Il y a une vertu à l’équilibre et au juste milieu », assume-t-on à Bercy. En clair, l’heure est au « en même temps » budgétaire.