Quand les vaccins contre le Covid sont arrivés, les centres de vaccination se sont multipliés : plus de 1.500 ont ouvert simultanément. Et ils sont encore un bon millier. Mais le gouvernement cherche à présent comment les fermer, pour remettre la vaccination dans le circuit ordinaire des soins de ville et les libérer des personnels soignants.
Ce ne sera pas une mince affaire, car il faut éviter de déstabiliser la campagne vaccinale. Près de 18 millions de Français sont appelés à se faire injecter leur « troisième dose » , dont 12 millions avant la fin de l’année. Quant à la campagne initiale, plus de 8 millions de personnes éligibles n’ont pas reçu leur première dose – plusieurs millions ne le feront probablement jamais.
En tout cas, le mouvement a déjà été enclenché avec la généralisation du vaccin Pfizer chez les professionnels libéraux en ville, qui représente 87 % des injections. Lundi, les pharmaciens, médecins, sages-femmes, infirmiers libéraux pourront passer commande. Ils seront livrés à partir du 1er octobre.
« La France sera le premier pays au monde à proposer les deux vaccins à ARN messager en ville », vante-t-on au ministère de la Santé, en soulignant les « défis logistiques » liés au respect de la chaîne du froid.
Des centres de vaccination tout l’automne
Mais jusqu’à quel point faudra-t-il basculer la vaccination hors des centres ? Tout dépendra de la capacité des soignants de ville à prendre le relais. Vendredi dernier, le ministère de la Santé leur a présenté deux scénarios.
Soit ils réalisent 750.000 injections par semaine et le dernier centre de vaccination pourra fermer ses portes avant le 1er novembre ; les besoins chutant progressivement. Soit ils plafonnent à 300.000 par semaine, auquel cas le dernier centre fermera en mars. Ces hypothèses pourraient être revues si la « troisième dose » était étendue à l’ensemble des doubles vaccinés.
Au ministère de la Santé, on affichait une certaine prudence, mardi : « Le besoin d’armer des centres de vaccination va durer au moins tout l’automne », a expliqué un porte-parole, car « même si la ville peut vacciner beaucoup, elle ne sera pas en mesure d’assurer l’intégralité des injections. »
Une rentabilité en baisse
Néanmoins, « certains centres vont fermer, réduire leur taille, déménager », selon le ministère. Les gymnases ou les salles municipales qui ont été affectés à l’urgence sanitaire doivent retrouver leur destination initiale. Et les soignants, que des vacations bien rémunérées attirent dans les centres, vont retourner dans les cliniques, les officines ou les Ehpad.
Et puis pour la Sécurité sociale, la vaccination en centre va devenir moins intéressante au plan économique que la vaccination en ville. A la mi-juillet, quand on injectait 4,8 millions de doses par semaine , les centres tournaient à plein régime. Mais le ralentissement a été soudain, et l’investissement dans le personnel est moins rentable.
L’Assurance-maladie a estimé qu’une injection revenait à moins de 7 euros en centre, contre une rémunération de 7,90 euros pour chaque pharmacien. « Mais elle ne compte pas les locaux. Ce n’est pas la Sécurité sociale qui a payé le Stade de France ! », nuance Philippe Besset, le président du syndicat de pharmaciens FSPF.
L’horizon de la mi-décembre
Selon lui, il serait théoriquement possible de fermer tous les centres dès octobre. Il suffirait pour cela que les 15.000 officines vaccinatrices réalisent 10 injections par jour, cinq jours par semaine – et c’est sans compter la contribution des médecins, des sages-femmes ou des infirmiers libéraux.
Cependant, la FSPF a demandé au gouvernement de conserver des centres ouverts jusqu’à la mi-décembre, car la campagne de vaccination anti-grippale va aussi débuter le 26 octobre. « On aura tout le mois d’octobre pour se roder avec Pfizer, mais novembre risque d’être lourd avec la grippe plus le Covid. C’est bien de garder un doublon avec les centres de vaccination », explique Philippe Besset.