Pourvu que la crise du Covid connaisse ses derniers mois. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022, dévoilé ce vendredi par les ministres de la Santé, Olivier Véran, et des Comptes publics, Olivier Dussopt, est en tout cas bâti en grande partie sur ce pari.
Comme l’année dernière, ce budget prévoit moins de 5 milliards d’euros pour faire face aux dépenses sanitaires exceptionnelles liées à l’épidémie (4,9 milliards). En 2021, la facture Covid devrait déraper à 14,8 milliards donc, mécaniquement, le fardeau sera allégé d’une dizaine de milliards en 2022… si le virus reste sous contrôle.
Ainsi, le déficit du régime général et du fonds de solidarité vieillesse (FSV) serait ramené à 21,6 milliards d’euros l’année prochaine, contre 34,6 milliards en 2021 . Cette baisse de 13 milliards ne s’expliquera en tout cas ni par la création de nouveaux impôts, ni par des économies volontaristes.
« Ce n’est pas pendant une année de sortie de crise qu’on va renouer avec les économies massivement, que ce soit sur les hôpitaux, les soins de ville ou le médico-social », pointe-t-on au cabinet d’Olivier Véran, en soulignant le risque le cas échéant que le système de santé « s’arrête de tourner », « avec une incompréhension ».
2,7 milliards de dépenses Ségur supplémentaires
Il y aura bien tout de même quelques ponctions sur la hausse des dépenses de produits de santé (1,2 milliard) et sur la pertinence des soins (moins de 1 milliard), notamment via un certain retour à la normale de la prise en charge des consultations de télémédecine. Mais l’industrie des médicaments et des produits de santé sera tout de même gâtée, avec un milliard de dépenses de plus en 2022 .
Par ailleurs, les dépenses du « Ségur de la santé » vont encore croître de 2,7 milliards d’euros, incluant 2 milliards de revalorisations salariales dans les établissements, plus une fraction du plan d’investissement et les revalorisations conventionnelles négociées avec les médecins.
Globalement, l’Objectif de dépenses d’assurance-maladie (Ondam) s’effrite de 700 millions d’euros, à 236,3 milliards en 2022. Mais hors dépenses de crise et hors Ségur, il augmente de 7 milliards, à 219 milliards d’euros, avec des sous-objectifs dynamiques : +2,7 % pour les soins de ville comme pour l’hôpital.
14 milliards de déficit en 2025
La fin des dépenses exceptionnelles liées au Covid et le rebond de la croissance économique devraient aider la Sécurité sociale à se requinquer dans les prochaines années. Mais pour la fin 2025, le gouvernement prévoit encore un déficit du régime général et du FSV de 14 milliards d’euros.