L’économie française retrouvera d’ici à la fin de l’année son niveau d’avant le Covid, a confirmé ce mercredi l’Insee, qui a laissé inchangée sa prévision d’ une hausse du PIB de 6,25 % en 2021. La France profite d’une « reprise rapide, mais déjà sous tensions », alerte toutefois l’Institut dans le titre de sa dernière note de conjoncture.
Pour l’instant, le tableau est positif. Grâce aux mesures de soutien et aux taux d’intérêt bas, l’investissement des entreprises est vite reparti. Déjà plus élevé que fin 2019, il devrait se situer plus de 3 % au-dessus de son niveau d’avant la crise au second semestre, selon les projections. Si certains secteurs souffrent toujours – comme l’automobile, l’aéronautique, l’hôtellerie, la restauration -, ce ne sont pas ceux qui investissent le plus, remarque l’Insee.
Hausse de 1,9 % du pouvoir d’achat moyen
L’économie devrait créer plus de 500.000 emplois salariés cette année, ce qui ramènera le taux de chômage à 7,6 % en fin d’année. Niveau qu’il n’avait pas atteint depuis 2008. La forte augmentation des « revenus d’activité » liée à la reprise de l’emploi devrait en effet entraîner un bond de 3,4 % du « revenu disponible des ménages » en 2021, selon l’Insee. Malgré la remontée de l’inflation, le pouvoir d’achat moyen des Français s’améliorerait de 1,9 % (après +0,4 % en 2020). La hausse du pouvoir d’achat mesuré « par unité de consommation » – c’est-à-dire par ménage – serait un peu plus faible (1,5 %).
Les zones d’ombre sur l’économie française se multiplient toutefois. Les experts de l’Insee s’inquiètent du ralentissement de l’activité en Chine. Ils pointent également les tensions inflationnistes aux Etats-Unis. Toutes ces difficultés sont, selon eux, de nature à aggraver les problèmes d’approvisionnement et donc de rejaillir sur certains secteurs en France.
La consommation ne s’envole pas
L’inflation est elle aussi suivie de près. Elle devrait se maintenir au dessus de 2 % jusqu’à la fin de l’année avec un pic de 2,3 % en octobre lié à la flambée du prix du gaz. Pour établir ses prévisions, l’Insee a retenu l’hypothèse d’une stabilité des prix du baril de Brent (75 dollars) et des matières premières agricoles (le blé) et industrielles (le fer, l’aluminium) qui nourrissent la hausse des prix.
En attendant, le renchérissement des prix de production commence à être répercuté sur les prix de vente. A ce stade, ce sont les ménages résidant en zone rurale, plus dépendants de la voiture, qui ressentent le plus vivement les augmentations.
Quelle sera l’incidence sur la consommation des Français, principal moteur de la croissance ? La bonne tenue du marché du travail devrait en principe les inciter à dépenser. Pour l’instant, on est loin d’un scénario où ils puiseraient dans leur bas de laine. La consommation s’est certes redressée cet été avec la levée des contraintes sanitaires, mais elle ne s’envole pas. Attendue en hausse de 4,1 % (après un recul de 7 % en 2020), elle devrait tout juste retrouver son niveau d’avant-crise en fin d’année. D’ici là, l’Insee table toutefois sur une baisse du niveau d’épargne des ménages, à 17,5 %.