Même en 2018, au début de la crise des « gilets jaunes », le litre de gazole n’était pas aussi cher. Le prix moyen à la pompe a atteint 1,5354 euro la semaine dernière, selon les chiffres du ministère de la transition écologique. Le prix du litre de sans-plomb 95 s’élevait, lui, à 1,60 euro, encore en dessous du record de 2012, à 1,66 euro.
Sur un an, alors que la crise due au coronavirus avait fait plonger les prix du pétrole et donc des carburants l’an dernier, la hausse est de 28 % pour le gazole. A titre de comparaison, en 2018, au moment de la crise des « gilets jaunes », les prix avaient augmenté de 22,6 % sur un an pour le gazole. Mais si, à l’époque, une partie de ces hausses s’expliquait par un alourdissement de la fiscalité, ce n’est pas le cas en 2021, le gouvernement ayant gelé les taxes sur les carburants en 2018.Lire aussi Pétrole : l’OPEP+ annonce qu’elle n’augmentera pas significativement la production, les prix s’envolent
L’explication est à chercher du côté des cours du pétrole, qui s’envolent depuis plusieurs mois. Le prix du baril de brent a atteint 82 dollars la semaine dernière, soit une hausse de plus de 10 % depuis septembre. Il s’échangeait autour de 35 dollars (environ 30 euros), après être tombé au-dessous de 20 dollars durant la première vague de Covid-19 et les confinements du printemps.
Le gouvernement se dit prêt à « réagir »
Or, expliquent Les Echos en s’appuyant sur une note de la Banque de France sur la question, le prix de gros du gazole raffiné met une semaine à se répercuter pour moitié dans les prix de détail facturés à la pompe aux automobilistes. « Il faut en moyenne onze jours ouvrés pour observer 90 % de la transmission de variation de coût aux prix, et la répercussion totale aux prix des carburants prend environ vingt jours ouvrés », selon cette étude de la Banque de France.
La variation des prix du carburant n’a que peu d’impact sur la quantité consommée, les ménages n’ayant souvent pas d’autre choix que d’utiliser leur véhicule dans leur vie quotidienne. Cette hausse des prix à la pompe pèse donc directement sur leur budget, dans lequel les carburants représentent 10 % des revenus pour les plus modestes, 3 % pour les plus aisés.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Gaz, électricité, carburants : une hausse tous azimuts
Jeudi, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, avait assuré sur RTL que le gouvernement pourrait décider de prendre des mesures pour compenser la hausse des prix. « Sur le diesel et l’essence, si l’envolée se poursuit, il faudra réagir, a-t-il déclaré. On l’a fait sur le gaz et l’électricité, donc s’il faut le faire sur le carburant, nous sommes prêts à le faire. » Au-delà d’aides ciblées, la fiscalité pourrait constituer un outil pour alléger la hausse des cours du pétrole : malgré le gel des taxes, elle représente environ 60 % du prix payé par les automobilistes.