Pétrole au plus haut depuis octobre 2018, flambée du prix du gaz, envolée des denrées alimentaires de base… Face à ces poussées de fièvre qui font bondir l’indice des prix, la Banque de France persiste et signe : « la hausse récente de l’inflation en France est de nature temporaire », écrivent dans une note Yannick Kalantzis et Youssef Ulgazi, deux de ses économistes. Elle devrait redescendre en rythme annuel en dessous de 2 % d’ici à la fin de l’année prochaine.
Pas de visibilité
Difficile de prédire quand le pic sera atteint, avertissent les deux experts. L’horizon n’est plus la fin de l’année, avec un pic à 2,75 % comme anticipé en septembre dernier. Non seulement la hausse peut durer « plusieurs trimestres » encore, mais elle pourrait être « plus forte » qu’attendue. Les prix à la consommation des produits manufacturés « ont accéléré au troisième trimestre », constatent Yannick Kalantzis et Youssef Ulgazi.
Sur le fond, la Banque de France explique toujours la poussée actuelle par la réouverture simultanée des économies mondiales. Elle rappelle toutefois que les effets de base biaisent la comparaisons, la crise sanitaire ayant entraîné un fort recul des prix l’an dernier.
La France moins touchée
La banque centrale rappelle que la France est nettement moins touchée que les pays voisins. Fin septembre, l’Insee indiquait que les prix à la consommation avaient augmenté de 2,1 % sur un an dans l’Hexagone, selon ses données provisoires.
L’indice des prix harmonisés (IPCH) – qui est calculé sur un périmètre un peu différent de celui retenu par l’Insee mais permet les comparaisons internationales – affiche sur la période une hausse des prix en France de 2,7 %, contre 3,4 % dans la zone euro.
Pour le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, il faut relativiser les tensions actuelles. Interrogé ce week-end sur France Inter, il a rappelé que sur deux ans, les prix n’avaient évolué que de 1,5 % en rythme annuel dans la zone euro et même de 1,4 % dans l’Hexagone.
Alors que les hausses de prix ont relancé le débat sur le pouvoir d’achat, il a surtout insisté sur le fait que seule une petite part des dépenses des ménages était affectée par les tensions inflationnistes. « L’énergie représente un peu moins de 10 % du panier de consommation » a-t-il souligné. En revanche, les services qui pèsent pour près de la moitié de ce panier n’enregistrent qu’une hausse limitée à 1,7 %.
Remontée en 2023
Selon les économistes de la Banque de France, l’inflation devrait donc redescendre, une fois dissipés les facteurs temporaires de hausse. L’an prochain, elle repasserait en deçà de 2 % avant de remonter à horizon 2023, soutenue par une « accélération graduelle du niveau général des prix et des salaires », liée à la bonne tenue du marché de l’emploi. Selon la Banque centrale, l’inflation IPCH se situerait à 1,3 % en 2023. La « grande erreur serait de surréagir à des variations temporaires », insiste François Villeroy de Galhau. Avec un risque si c’était le cas : « casser la forte reprise en cours ».