Emmanuel Macron l’a promis la semaine dernière : il y aura une « action de court terme, d’accompagnement des ménages » pour « ne laisser personne dans le désarroi » face à la hausse du prix des carburants. Le moins que l’on puisse dire est qu’il est très difficile et politiquement ultra-sensible pour le gouvernement de trouver la mesure idoine, à six mois de l’élection présidentielle et en plein débat sur le pouvoir d’achat et la transition écologique… Le pouvoir d’achat reste le premier sujet de préoccupation des Français.
Alors qu’ un chèque carburant semblait tenir la corde , le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a ce mardi réalisé un virage sur l’aile en remettant sur le devant de la scène la piste de la baisse des taxes, « simple et rapide » défend un conseiller. « Coûteuse et sur laquelle il est toujours difficile de revenir », met en garde un autre.
« Simple, juste et efficace »
Lundi, le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, s’est en effet dit, comme la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, favorable à un chèque carburant ciblé plutôt qu’à une baisse de la fiscalité « très coûteuse pour un résultat que les Français ne verront pas », moins ciblée et, avait-il ajouté, « pas sage » pour l’environnement. « C’est une opinion personnelle, on ne peut pas exclure une piste par principe », cingle un conseiller de l’exécutif.
« Ce que l’on veut, c’est que ce soit simple, juste et efficace, il n’y a pas de piste exclue », a avancé Gabriel Attal sur RTL, évoquant parmi celles-ci « la question des taxes », et celle « d’un chèque, d’une aide spécifique pour les personnes qui utilisent leur voiture ». Mais si le porte-parole a reconnu que « l’idéal est d’avoir une aide ciblée directe vers les personnes qui en ont le plus besoin », il en a immédiatement pointé les défauts.
Décision mercredi
« On ne veut pas mettre en place un dispositif qui serait une usine à gaz parce qu’à force de vouloir faire trop de dentelle, trop de critères […] vous arrivez à un dispositif complexe, avec des personnes qui devraient être concernées et ne le sont pas » a-t-il continué, taclant au passage, sans le citer, le système mis en place dans les Hauts-de-France par Xavier Bertrand.
Outre la complexité et le temps de mise en place puisqu’il n’existe pas de fichiers des Français devant utiliser leur voiture pour travailler, l’exécutif risque de ne pas avoir envie de reprendre cette option, bataille présidentielle oblige.
« Il y a ce qu’on voudrait faire et ce qu’on peut faire, on regarde tout », élude Matignon. « Le chèque, il est long à mettre en place et surtout, il y aurait des trous dans la raquette, du côté des classes moyennes et des classes moyennes supérieures qui pour l’instant nous soutiennent », s’inquiète un conseiller de l’exécutif. « Après les ”gilets jaunes”, il faudrait faire attention à ne pas avoir une révolte des cols blancs ! » poursuit-il. « Il y a trop de fébrilité sur ce sujet », regrette un autre.
Le temps s’accélère puisque une dernière réunion d’arbitrage a eu lieu mardi à l’Elysée. Emmanuel Macron et son Premier ministre, Jean Castex, devraient arrêter leur choix ce mercredi, à l’occasion d’un déjeuner. La décision sera annoncée dans la foulée. Si la piste d’une baisse – temporaire – des taxes semblait tenir la corde, elle n’était pas encore validée ce mardi en fin de journée.
Alors que les oppositions rivalisent de propositions et attendent les mesures du gouvernement au tournant, l’exécutif veut à tout prix éviter d’atterrir sur une mesure qui, au final, ferait plus de dégâts politiques en provoquant plus de mécontents que de Français soulagés.
« Le chèque, ce serait perdant-perdant, estime un poids lourd de la majorité. Ceux qui ne l’auront pas seront mécontents, ceux qui l’auront trouveront ça insuffisant. » Beaucoup reconnaissent au sein du gouvernement que chaque piste a ses avantages et ses inconvénients.