Jeudi noir pour le groupe immobilier Evergrande. Pour son retour à la Bourse de Hong Kong, l’action du promoteur immobilier le plus endetté au monde s’est immédiatement effondrée, pour clôturer en baisse de 12,54 %
Le groupe chinois, qui avait suspendu sa cotation à Hong Kong le 4 octobre, a annoncé mercredi soir que le projet de cession de sa filiale de services immobiliers avait échoué. Au cours des deux dernières semaines, le promoteur immobilier n’avait fait aucun commentaire sur l’évolution des négociations, ni sur les cinq échéances de paiement manquées sur les intérêts d’obligations « offshores » totalisant 275 millions de dollars.
Une première date butoir fixée ce samedi
Rompant le silence mercredi, Evergrande a indiqué que l’accord concernant la vente de 50,1 % du capital de sa filiale à Hopson Development Holdings pour 20 milliards de dollars de Hong Kong (2,2 milliards d’euros) avait été résilié la semaine dernière et qu’il pourrait « ne pas pouvoir honorer ses obligations financières ».
Evergrande a déclaré que l’accord avait échoué car il y « avait des raisons de croire » que l’acheteur n’avait « pas rempli les conditions préalables » pour faire une offre. Hopson a expliqué de son côté que l’accord a avorté en raison d’un désaccord sur le paiement du prix d’achat. Evergrande voulait un paiement immédiat, tandis que Hopson ne voulait payer qu’après avoir effectué une vérification comptable, notamment pour évaluer les créances de la filiale avec les fournisseurs.
Cessions d’actifs avortées
Evergrande, qui fait face à un passif de plus de 300 milliards de dollars, « va continuer à mettre en oeuvre des mesures pour atténuer [ses] problèmes de liquidités ». Mais le groupe a décidément bien du mal à céder ses actifs. Le 15 octobre dernier, Yuexiu Property, un développeur contrôlé par les autorités provinciales du Guangdong (où se situe le siège d’Evergrande) , a abandonné son offre de 1,7 milliard de dollars pour acheter la tour de bureaux Evergrande Center de 26 étages à Hong Kong, selon Reuters. La filiale de voitures électriques n’a toujours pas trouvé preneur non plus.
Il y a pourtant urgence. Evergrande a jusqu’à samedi pour payer des coupons dus en septembre pour un montant de 83 millions de dollars, sous peine d’être formellement déclaré en défaut. Ce premier échec de paiement remonte au 23 septembre mais l’obligation était assortie d’un délai de grâce de trente jours. Depuis, Evergrande a manqué d’autres échéances de paiement, dont une triple le 12 octobre pour un montant cumulé de 148 millions de dollars.
Pékin toujours ambigu
Reste à savoir quelle sera l’attitude de Pékin qui semble décidé, depuis près d’un an, à assainir un secteur immobilier très endetté. Sortant de son silence la semaine dernière, la banque centrale chinoise a estimé que la situation d’Evergrande était délicate, mais que le risque de contagion au système financier était « gérable ».