Les failles françaises pour attirer les étrangers qualifiés

Dans une note publiée ce mardi, le Conseil d'analyse économique met en lumière les faiblesses des dispositifs en vigueur pour attirer la main-d'oeuvre qualifiée et les étudiants à haut potentiel étrangers en France.


University of Rennes 1 students, wearing protective nose and mouth masks to curb the spread of the novel coronavirus, Covid-19, sit in an auditorium taking notes as they attend a supervised physics lecture in Rennes, western France on January 4, 2021. (Photo by Damien MEYER / AFP)

« L’esprit de notre étude est de favoriser l’immigration de travail en favorisant la venue en France d’une immigration qualifiée et issue d’horizons diversifiés » indiquent Emmanuelle Auriol et Hillel Rapoport, membres du Conseil d’analyse économique (CAE) dans leur note publiée ce mardi. Les deux économistes pointent les faiblesses des dispositifs en vigueur pour attirer les talents.

· Le « passeport talent » trop peu diffusé

Cette carte de séjour visant à attirer les salariés d’une entreprise innovante, les chercheurs, les créateurs d’entreprise et les porteurs de projets innovants n’a été délivré qu’à 13.500 primo demandeurs en 2019, selon le ministère de l’Intérieur.

· L’offre insuffisante des universités

L’Hexagone est le quatrième pays d’accueil des étudiants internationaux, et même le premier non anglophone. Mais le nombre d’étudiants en mobilité y progresse moins vite qu’ailleurs. La France peine à attirer les meilleurs. Parmi les raisons recensées, l’offre limitée de cours en anglais proposés dans l’enseignement supérieur. La création du label Bienvenue en France est en revanche vue comme un progrès en termes d’accueil et de procédures administratives. Trop peu d’établissements y adhèrent toutefois, selon le rapport.

· La transition études-emploi difficile

En France, la transition études-emploi « n’est pas facile », observent les économistes du CAE qui recommandent d’« étendre l’octroi du titre de séjour à l’issue des études, notamment des très qualifiés sans adjoindre de critères de salaire minimum ni d’adéquation du travail aux qualifications ».

Aujourd’hui, l’obtention d’un titre de séjour à l’issue des études est soumise aux mêmes aléas que la demande de visa pour les travailleurs. « Ces contraintes font que le taux de rétention » des étudiants étrangers en France est très faible », écrivent-ils. Sur une cohorte de 70.000 étudiants étrangers ayant obtenu leur premier titre de séjour en 2015, seuls 21 % d’entre eux étaient toujours présents en France cinq ans plus tard.

· La liste des métiers sous tension trop vite obsolète

La France a établi une liste de métiers en tensions afin de faciliter l’octroi d’un visa pour les étrangers ayant les qualifications recherchées. Selon les auteurs de la note du CAE « l’administration ne révise pas régulièrement la liste, ce qui la rend rapidement obsolète et donc inefficace pour répondre aux besoins du marché du travail à court terme ». Réactualisée récemment , la nouvelle liste pourrait souffrir de ces lacunes. Autre problème soulevé : la lourdeur et l’opacité du parcours administratif français pour recruter des immigrés via des demandes de titres salariés soumises à l’opposabilité de la situation de l’emploi (OSE) qui découragent les PME.


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