La France a su réagir rapidement et massivement à la crise du Covid. Pour l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui publie ce jeudi son rapport « France 2021 », tout l’enjeu à présent pour l’Hexagone va être de transformer le rebond de l’activité en croissance durable.
A cinq mois de l’élection présidentielle, c’est presque une feuille de route pour le prochain quinquennat que fixe dans cette étude l’institution internationale basée à Paris. « Nous partageons toutes les recommandations émises », a assuré le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire tout en défendant l’action menée par le gouvernement depuis 2017.
Les axes sont clairement définis : d’une part, la France doit continuer à soutenir l’activité. Selon l’OCDE, la sur-épargne accumulée pendant la crise sanitaire devrait soutenir la consommation l’an prochain tandis que la demande extérieure tirera les exportations et l’investissement. Mais « les risques restent élevés » prévient-elle.
Mise en oeuvre « rapide et efficace » de France Relance et France 2030
Tout en mettant en garde contre un retrait « prématuré » des aides, l’institution estime que le soutien budgétaire doit devenir plus sélectif. «Il doit s’orienter vers les transformations nécessaires de l’économie », sur l’éducation et la transition écologique notamment, a insisté le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. Selon lui, la mise en oeuvre « rapide et efficace » de France Relance et France 2030 sera un « élément central » dans la poursuite de la reprise.
Mais en parallèle, l’Hexagone doit également relancer son programme de réformes engagé en 2017. C’est même la condition d’une « reprise pérenne » selon l’OCDE. Devant le niveau « historiquement élevé » de la dette, elle réclame un « programme ambitieux » d’assainissement des finances publiques.
Dynamiser la productivité
L’institution apporte de l’eau au moulin de l’exécutif en demandant de nouveau à la France de réformer ses retraites. Alors qu’Emmanuel Macron défend désormais le principe que les Français devront « travailler plus longtemps en repoussant l’âge légal » , l’OCDE suggère le relèvement progressif de l’âge effectif de départ à 64 ans à partir de 2025.
Pour réduire la dépense publique, l’organisation soutient l’idée d’une règle de dépenses pluriannuelles pour l’ensemble du secteur public. Le Parlement vient justement d’en voter une ce jeudi . Elle prône aussi une meilleure gestion des dépenses sociales ainsi qu’une simplification du millefeuille des « collectivités territoriales » qui permettra des économies « substantielles ».
Par ailleurs, l’OCDE rappelle l’importance de mener des réformes qui favoriseront l’emploi – en particulier l’emploi de qualité – et dynamiseront la productivité. «Le taux de chômage de la France reste, à près de 8%, parmi les plus élevés de la zone euro », rappelle Mathias Cormann. La France doit poursuivre ses efforts pour éduquer les jeunes enfants, mieux former les jeunes et les moins qualifiés et faciliter les transitions professionnelles.
« Croissance plus inclusive »
Tout doit être fait pour « éviter que la crise accroisse les inégalités des chances », insiste l’institution basée à Paris. Laquelle appelle à un soutien accru aux territoires et aux ménages les plus vulnérables afin d’assurer une croissance « plus inclusive ». Un autre sujet l’interpelle : l’insuffisante transformation numérique des PME, un point faible de l’économie pendant la pandémie qui « entrave les gains de productivité ».
Enfin, la France doit favoriser une « croissance plus verte ». Là encore, le message qui lui est adressé est qu’elle doit améliorer l’efficacité des investissements publics, tout en veillant à aider les populations les plus fragiles à supporter le coût de cette transition.
L’OCDE estime qu’en suivant toutes ses recommandations, la France pourrait gagner 1,2 % de PIB par habitant à horizon dix ans.