Beaucoup de gagnants, très peu de perdants. L’écrasante majorité des ministères n’aura pas eu à se plaindre du quinquennat qui vient de s’écouler, au vu du bilan qui vient d’être dressé sur l’évolution de la dépense publique depuis 2017.
Ainsi, seules les missions « Travail et Emploi », « Cohésion des territoires » (qui comporte les crédits du logement) et « Anciens combattants » auront vu leurs dépenses diminuer en cinq ans, tandis que les budgets de « Solidarité et Insertion », des Armées et de l’Enseignement scolaire se sont envolés au terme d’un mandat bien plus dépensier que prévu . C’est ce qui ressort du rapport tout juste publié par Jean-François Husson (LR), le rapporteur général du budget au Sénat, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances pour 2022 .
Cet examen promet d’être express à la Haute Assemblée, les Républicains menaçant de rejeter son volet recettes sans même l’examiner. Une façon de dénoncer un « budget de campagne », pour reprendre les termes de Jean-François Husson. « Initialement incomplet, le projet de loi de finances termine de démontrer l’absence de volonté du gouvernement, depuis 2017, de maîtriser les dépenses », est-il écrit dans le rapport.
Objectifs ratés
Le sénateur y voit pour preuve la différence entre ce que Bercy avait promis en 2017 dans sa loi de programmation des finances publiques (LPFP), et ce qui s’est réellement passé durant le quinquennat : « En 2022, la dépense primaire hors mesures de relance et d’urgence devrait être supérieure de 4,7 % à la cible programmée en LPFP, soit un écart d’environ 65 milliards d’euros », a calculé le sénateur LR. Le signe d’un « manque de sérieux budgétaire », quand bien même la progression en volume de 1,2 % par an de la dépense primaire (hors charge d’intérêt de la dette) a été moindre que celle des trois quinquennats précédents.
D’où vient cet écart significatif de Bercy par rapport à ses propres objectifs ? Le rapport s’intéresse notamment à la situation de l’Etat, l’une des trois composantes des comptes publics avec la Sécurité sociale et les collectivités territoriales. Pour la sphère étatique, l’exécutif avait promis de réduire la dépense pilotable de 2,7 % en volume (hors inflation) durant le quinquennat alors qu’elle aura augmenté de 7,3 %, selon les calculs de la commission des finances du Sénat.
Générosité de la dépense publique
Cette générosité aura profité à tous les ministères, ou presque . Les cinq qui pèsent le plus dans le budget de l’Etat ont été bien choyés, particulièrement « Solidarité et Insertion » qui a vu ses crédits augmenter de 7,8 milliards en cinq ans du fait de la revalorisation de la prime d’activité et de l’allocation adulte handicapé, et la mission « Défense » (7,8 milliards), bien loin de la polémique de départ avec le général de Villiers . Le premier poste de dépense, « Enseignement scolaire » a gagné 6 milliards, tandis que la Recherche a été dotée de 2,6 milliards en plus et l’Ecologie de 3,3 milliards.
Outre la Défense, d’autres missions régaliennes ont été bien servies durant le quinquennat. La Justice a vu ses crédits augmenter de 2,2 milliards, tandis que le budget « Sécurité » est passé de 12,5 milliards en 2017 à 14,7 milliards en 2022. Pour ce dernier cas, cela s’explique notamment par la hausse de la masse salariale de 1,2 milliard, l’exécutif ayant particulièrement soigné les effectifs policiers sur cinq ans . D’une manière générale, la masse salariale de l’Etat aura progressé durant le quinquennat (+1,9 % par an en moyenne), plus que sous Hollande et Sarkozy. Outre des revalorisations catégorielles, l’exécutif aura aussi renoncé à réduire le nombre de fonctionnaires.