Depuis le printemps 2021, les faire-part de naissance fleurissent de nouveau. La natalité en France est repartie . Le « baby krach » qui avait accompagné le premier confinement n’est pour autant pas complètement oublié. « Cette reprise des naissances ne compense pas totalement la chute observée pendant l’hiver », relève l’Insee dans son dernier « Portrait social », publié ce jeudi.
De fait, entre mars et mai 2021, « la baisse de la natalité s’est poursuivie dans un quart des départements. Et dans les autres, le déficit est rarement comblé », indique l’institut de statistique. La natalité a notamment continué de reculer dans les territoires déjà durement frappés par un recul des naissances pendant l’hiver tandis qu’elle s’est redressée là où le nombre de naissances s’était maintenu.
L’Est et le Nord, particulièrement touchés
Dans son « Portrait social 2021 », l’Insee apporte un éclairage inédit sur les disparités selon les territoires à partir d’un constat connu : la première vague de l’épidémie a provoqué une nette baisse de la natalité. Les naissances, en France, ont chuté de 8 % en décembre 2020 puis de 14 % en janvier 2021.
De multiples raisons ont pu conduire à l’abandon ou au report de ce projet de parentalité : peur de la maladie, crainte du chômage ou d’une crise économique, accès difficile aux soins. Le nombre de bébés a surtout diminué chez les femmes les plus jeunes (moins de 30 ans) et chez celles de plus de 40. Par ailleurs, le recul des naissances n’a pas eu la même ampleur partout en France.
L’institut montre que ce sont logiquement les départements les plus touchés par la première vague épidémique qui ont enregistré la plus forte baisse. Le nord et l’est du pays, mais aussi l’Ile-de-France ont ainsi été particulièrement affectés.
C’est toutefois là où la crise sanitaire et les difficultés économiques se sont conjuguées, comme l’Oise ou la Seine-Saint-Denis, que la chute de la natalité s’est révélée la plus sévère neuf mois après le premier confinement. « Les départements les plus affectés sur les deux plans se situent pour la plupart en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France, en Alsace et au nord des Alpes », précise l’Insee. Avec des exceptions, comme les Ardennes.
Chute de 14 % dans les communes les plus pauvres
De même, avec une baisse du taux de natalité en moyenne de 12%, « les zones urbaines, notamment les plus denses, ont été deux fois plus touchées que les communes rurales », observe Sylvie Le Minez, cheffe de l’unité des études démographiques et sociales de l’Insee.
Et le recul est encore plus prononcé dans les communes où sévit la pauvreté, à 14 % en moyenne, les ménages ayant plus de risques d’être exposés au virus. « Même les grandes épidémies de grippe n’ont pas entraîné dans le passé une chute aussi brutale des naissances », souligne Sylvie Le Minez.
Hausse de 7,3% des décès au premier semestre 2021
Dans son étude, l’Insee rappelle aussi les inégalités face à la mort provoquée par le Covid. Il souligne que « les risques de décès des personnes nées à l’étranger se sont nettement accrus en 2020 », notamment celles nées en Afrique et résidant dans l’Hexagone.
En France, l’an dernier, 668.900 personnes sont décédées, toutes causes confondues, soit 9 % de plus qu’en 2019. Selon l’institut « il y a donc eu 47.000 décès de plus qu’attendus ». L’espérance de vie à la naissance a diminué de 0,5 an pour les femmes et de 0,6 an pour les hommes. Ces derniers perdent même 1,8 ans en Ile-de-France.
Sur les six premiers mois de l’année, le nombre de décès a encore augmenté, de 7,3 % par rapport à la même période de 2020. Ce qui correspond à une surmortalité de 18.000 personnes selon l’Insee.