Et si l’on investissait vraiment dans le soutien à l’autonomie des personnes âgées ? C’est ce que propose la Cour des comptes dans un rapport publié jeudi. Bien classée dans le palmarès des pays où l’on vit le plus vieux, la France est en effet à la traîne en matière de vieillissement en bonne santé. L’espérance de vie à 65 ans y frôle vingt-quatre ans pour les femmes, dont la moitié sans incapacité, contre 78 % en Suède.
Ce retard, individuellement terrible, a aussi un coût pour la société. Chaque année gagnée d’espérance de vie sans incapacité permettrait à l’assurance-maladie d’économiser 1,5 milliard d’euros sur la période 2021-2031, a calculé la Cour. De même, les Français préviennent moins bien les chutes de seniors que les Britanniques ou les Danois, avec un surcoût associé de dépenses de prise en charge de 900 millions.
Une vraie stratégie de réduction des chutes
Un milliard et demi, c’est aussi ce que l’on dépense chaque année pour prévenir la perte d’autonomie, estime-t-elle, regrettant que cette politique « occupe une place marginale et en tout état de cause peu lisible ». Il est vrai que le foisonnement d’intervenants n’arrange rien.
Les aides techniques de l’Assurance-maladie – par exemple pour acquérir un fauteuil roulant ou une simple canne – sont le premier budget, à 458 millions par an. Viennent ensuite l’action sociale des régimes de retraite (CNAV 297 millions, Agirc-Arrco 135 millions, CNRACL et Etat 226 millions, MSA 42 millions), 224 millions de crédits et de subventions pour adapter les logements (douches, rampes…) et 203 millions à la main de la « conférence des financeurs » à l’échelle départementale.
Une offre graduée de prévention
La Cour des comptes désigne donc les politiques prioritaires : plus de logements adaptés, en simplifiant l’accès aux aides ; une vraie stratégie de réduction des chutes ; une incitation financière aux médecins pour détecter les signes annonciateurs de la dépendance.
Elle recommande aussi de construire une offre graduée de prévention de la perte d’autonomie que chaque département serait chargé de mettre en oeuvre. La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie leur affecterait des crédits en fonction du respect des objectifs.