En pleine crise du Covid, les investissements « climat » tiennent le choc

Selon un rapport du think tank I4CE, les investissements favorables à la lutte contre le réchauffement climatique des entreprises, des ménages et des pouvoirs publics ont augmenté de 10 % en 2020. Mais cette hausse est surtout liée à l'essor des voitures électriques. Et l'effort reste insuffisant par rapport aux objectifs nationaux.


Paris, France - 13 November, 2019: Public charging points in a row on the street. The charging points are a popular view in European cities.

La crise sanitaire n’a pas eu raison des investissements favorables au climat. En 2020, les entreprises, les ménages et les administrations publiques françaises y ont consacré 44,7 milliards d’euros, soit plus 10 % de plus qu’en 2019, notamment parce que davantage d’équipements ont été installés. La progression contraste d’ailleurs avec les investissements totaux du pays qui ont, eux, reculé de près de près de 8 % en un an , selon l’Insee.

« On ne s’y attendait pas forcément », convient Benoît Leguet, directeur général de l’Institut de l’économie pour le climat (I4CE) qui publie ce jeudi un bilan annuel. L’année 2020 avait mal commencé avec la mise à l’arrêt des chantiers du bâtiment et de l’énergie.

Mais le think tank estime que les mesures d’urgence adoptées par le gouvernement ont pu changer la donne. « Le chômage partiel, les prêts garantis par l’Etat et la compensation des pertes de revenus des opérateurs de transport et des collectivités notamment, ont permis aux porteurs de projets de conserver des ressources suffisantes pour investir », avancent ses experts.

Tout pour les voitures bas carbone

Tous les secteurs n’en ont pas profité de la même manière. En très grande partie, les investissements « climat » ont été réalisés dans les voitures électriques et les hybrides rechargeables et, dans une moindre mesure, dans les aménagements cyclables, expliquent les analystes d’I4CE. « Sur les marchés automobiles, c’est la réglementation européenne sur les véhicules qui a poussé les constructeurs à vendre ces voitures-là », insiste Maxime Ledez, l’un des auteurs du rapport.

Les investissements « climat » publics et privés en France par secteur
Les investissements « climat » publics et privés en France par secteur

En revanche, dans la rénovation énergétique des logements, les infrastructures de transports (ferroviaire et transports en commun) ou encore les énergies renouvelables, les investissements sont restés stables ou en légère baisse.

Manquent jusqu’à 15 milliards

Globalement, les investissements climat restent insuffisants pour répondre aux objectifs que la France s’est fixé via la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), sa feuille de route climat qui doit l’emmener jusqu’à la neutralité carbone dans moins de trente ans .

Pour rattraper le retard sur sa trajectoire, le think tank a calculé qu’il faudrait investir au minimum 13 à 15 milliards d’euros de plus chaque année jusqu’en 2023. Et l’effort devra être encore accentué les années suivantes pour tenir le cap des futurs budgets carbone. « Ce n’est pas l’argent qui manque, souligne Benoît Leguet, ce sont les projets sur lesquels investir ».

Des besoins sont déjà identifiés dans le Grand Paris Express et les infrastructures de recharge, ainsi que les aménagements cyclables. I4CE pointe aussi du doigt qu’en matière d’électricité renouvelable , les investissements dans l’éolien terrestre et le solaire photovoltaïque « accusent un retard de plus en plus marqué ».

Nouvelles tensions

Les experts alertent par ailleurs sur de « nouvelles tensions » observées cette année, qui pourraient perturber les projets d’investissements climat. « Certains matériaux sont plus coûteux et les délais d’équipements et de livraisons s’allongent », retrace ainsi Maxime Ledez. C’est le cas notamment dans le secteur du bâtiment pour le bois et les isolants utilisés dans la rénovation, et pour les semi-conducteurs nécessaires aux voitures électriques et aux panneaux solaires.

I4CE soulève un autre point de vigilance sur les investissements « fossiles ». Ils ont chuté de plus de 30 % en 2020 (à 45 milliards d’euros) en raison d’une forte baisse des immatriculations des voitures thermiques et du recul des investissements dans le transport aérien, mais le think tank anticipe que « la reprise économique en cours pourrait alimenter un rebond qu’il convient de surveiller de près ».


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