Sur le front de l’épidémie de Covid, l’heure est à la mobilisation, mais pas au catastrophisme, si l’on en croit Jean-François Delfraissy. « Noël n’est pas en danger si nous faisons tous attention », a affirmé ce jeudi sur BFMTV/RMC le président du Conseil scientifique. Mercredi, le nombre de nouveaux cas positifs enregistrés a certes frôlé le seuil des 50.000, l’incidence dépassant 300 cas pour 100.000 habitants, avec un doublement du nombre de tests hebdomadaires (4 millions). Mais cette fébrilité ne mènera pas forcément à un confinement ou à un couvre-feu.
« Tout est fait pour éviter un confinement », a dit le scientifique, même si ce dernier « reste l’outil terminal, un peu barbare », « dans la boîte à outils » des autorités sanitaires pour étouffer une trop grosse vague. Il y a d’abord l’arme de la vaccination de rappel, qui décolle en France. Et puis les mesures et gestes barrières : moins de contacts humains et de grands rassemblements, plus de masques, plus d’aération dans les pièces.
Si « individuellement et collectivement », les Français s’astreignent à réduire leurs contacts de 20 %, cela permettra d’avoir un impact sur le système de soins qui pourrait être suffisant ».
Hausse des hospitalisations
Jean-François Delfraissy a néanmoins rappelé que les hospitalisations allaient continuer à croître, le pic n’étant pas atteint. Plus de 10.000 malades sont hospitalisés pour Covid et 1.800 en soins critiques. Pendant les premières vagues, il y a eu jusqu’à 6.000 à 7.000 cas de Covid en soins critiques simultanément, « il faut absolument qu’on évite ça », a glissé le scientifique. Plusieurs hôpitaux ont déjà déclenché le plan blanc.
Annecy, St-Malo, Cancale, Dinan, Saint-Nazaire, Le Mans, Colmar… les plans blancs commencent à être de nouveau déclenchés dans certains hôpitaux https://t.co/nRsgKaS4Gi
— GRZ (@GuillaumeRozier) December 1, 2021
Omicron s’installera fin janvier, début février
Même si Omicron est « le variant qu’on craignait » , car les nombreuses mutations de la protéine ciblée par les vaccins laissent présager un affaiblissement de la protection vaccinale, même modéré, « ne nous trompons pas de combat », a appelé Jean-François Delfraissy : « Le vrai ennemi, c’est la cinquième vague, avec Delta ». Quant à Omicron, il s’installera vraisemblablement fin janvier, début février, selon le professeur de médecine. Il va « prolonger l’épidémie », « mais face à une population très largement vaccinée », assure-t-il. Le scientifique a rappelé combien la dose de rappel était efficace.
Au passage, il a critiqué l’« erreur majeure de l’Organisation mondiale de la santé », pour qui il faut distribuer des vaccins aux pays pauvres avant de procéder aux rappels dans les pays riches. Bien sûr, « il faut aller vers une vaccination généralisée », mais la maladie touche surtout les personnes âgées, plus nombreuses en Europe ou aux Etats-Unis.
Dubitatif sur la vaccination obligatoire
En revanche, Jean-François Delfraissy se dit « nuancé » sur la vaccination obligatoire. Près de 600.000 personnes de 80 ans et plus n’ont pas reçu leur première dose. « Qu’est-ce qu’on va faire ? On leur envoie les gendarmes ? » a-t-il lancé, dubitatif sur l’efficacité d’une telle opération.
Enfin, le président du Conseil scientifique a cité, après les vaccins et les mesures barrières, une troisième arme contre la vague épidémique : les nouveaux traitements. Le Molnupiravir de Merck est disponible depuis ce jeudi en France. C’est une gélule qui doit être prise dans les cinq jours suivant l’infection. Elle est réservée aux patients à risque de forme grave.
D’abord vantée comme capable de réduire le risque de 50 %, elle semble un peu moins efficace – Jean-François Delfraissy a parlé de 40 %. « Si vous êtes testé positif et avez plus de 60 ans, vous pouvez immédiatement poser la question au médecin », a-t-il recommandé à l’antenne, en précisant que ce traitement oral à commander en pharmacie doit être « prescrit dans les 2-3 premiers jours ».