«Nous anticipons, nous agissons». Ce n’est pas un slogan de campagne, mais cela y ressemble. Dimanche, lors de l’émission le « Grand rendez-vous » Europe 1-Cnews- « Les Echos », le ministre de l’Economie et des Finances a mis en avant les qualités de stratège de son gouvernement. Alors que les candidats à la présidentielle multiplient les flèches à l’encontre d’Emmanuel Macron, Bruno Le Maire s’est appliqué à montrer que l’exécutif n’est pris au dépourvu sur aucun sujet.
C’est notamment le cas sur le dossier des prix de l’électricité. Jeudi dernier, les experts ont estimé que la hausse du tarif réglementé de vente pourrait atteindre 25% début février, au lieu des 14 % qui étaient prévus lorsque le Premier ministre a promis aux Français de protéger leur pouvoir d’achat, fin septembre. «L’engagement est de plafonner les prix à 4%, nous le ferons», a assuré Bruno Le Maire.
Il a rappelé que 5,9 milliards de baisse de taxe sur l’électricité avaient été inscrits dans le projet de loi de Finances pour empêcher la flambée de la facture des Français, soit déjà plus que les 4 milliards initialement envisagés. «Si la hausse est de 20%, ce sera 8 milliards», a déclaré le ministre, alors que certains estiment que le coût pour l’Etat dépassera 10 milliards. Mais Bruno Le Maire n’a pas voulu s’engager sur un montant, compte tenu de la volatilité des marchés.
«Nous sommes en train de travailler dessus. On compensera par une réduction de la taxe sur l’électricité (TICFE) , et si cela ne suffit pas, d’autres options sont étudiées». A l’origine, le budget prévoyait 7,9 milliards de recettes de TICFE en 2022. La probabilité de devoir trouver d’autres instruments est donc forte.
Impact du variant sur la croissance
Autre sujet sur lequel le gouvernement joue sa crédibilité : la gestion de la crise sanitaire. A ce stade, le ministre considère que «le variant n’aura pas d’impact sur la croissance». «Il faut faire le maximum pour éviter toute nouvelle restriction», a-t-il martelé, jugeant efficace la stratégie du passe sanitaire et des vaccinations massives. Il est notamment opposé à un renforcement du télétravail. «Ce n’est pas que pour l’économie mais pour le moral des Français».
Le «quoi qu’il en coûte» pourrait-il être de nouveau d’actualité ? «Nous en sommes sortis, ce n’est pas pour y revenir». Le locataire de Bercy préfère une gestion au cas par cas des secteurs et entreprises les plus touchés, comme l’événementiel et la restauration. «Nous ne laisserons tomber personne», a-t-il juré.
Interrogé sur l’explosion des dépenses et de la dette – et sur les accusations portées par Valérie Pécresse d’avoir «cramé la caisse»-, le ministre a retourné la critique. «C’est plutôt SON point faible». Bruno Le Maire a attaqué le bilan de la gagnante de la primaire LR lorsqu’elle a été ministre du budget de Nicolas Sarkozy entre 2011 et 2012. «ça a été 30 milliards de dette en plus, avec un chômage à 11% et pas de croissance. Nous, c’est 26 milliards de dette, mais avec une croissance supérieure à 6% et un taux de chômage au plus bas».
Tentant une fois de plus de démontrer que l’exécutif a une stratégie, le ministre de l’Economie a affirmé qu’il fallait « réduire le déficit progressivement et de manière responsable», pour ne pas «risquer de casser la croissance». Il a rappelé qu’un calendrier avait été fixé, avec un rétablissement des comptes publics prévu en 2027.