C’est un durcissement du protocole sanitaire dans les écoles maternelles et élémentaires, mais suffira-t-il à ralentir la progression de l’épidémie de Covid dans les classes ? Le Premier ministre a annoncé, ce lundi soir, le passage au stade 3 du protocole sanitaire de l’Education nationale, uniquement pour le premier degré.
« Les enfants, dans les tranches d’âge non vaccinées, sont désormais le principal moteur de la reprise épidémique », affirmait dimanche au « Journal du dimanche » Bruno Lina, membre du conseil scientifique, professeur de virologie au CHU de Lyon qui pilote l’une des plus grandes plateformes de séquençage génétique de France.
Le masque dans la cour de récréation
« La transmission du virus s’est fortement accélérée chez les moins 12 ans, a justifié Jean Castex. C’est logique, car ces catégories d’âge ne peuvent pas encore être vaccinées et sont aussi beaucoup plus dépistées, compte tenu des protocoles appliqués en milieu scolaire », a-t-il ajouté, tout en assurant que sa « boussole » resterait de « préserver l’éducation de nos enfants ».
A compter de ce jeudi, « le port du masque sera requis dans les cours de récréation et les sports collectifs avec contact seront restreints », a annoncé le Premier ministre. Et à partir de lundi prochain, les conditions de restauration « seront aménagées en lien avec les élus locaux pour limiter le plus possible les brassages ».
La politique actuelle de dépistage de tous les élèves dès l’apparition d’un cas positif et de fermeture de la classe au bout de trois cas sera aussi maintenue, a précisé Jean Castex. En estimant que la perspective d’accès à la vaccination pour les 5-11 ans était « maintenant proche ».
« Une demi-réponse »
Le niveau 3 du protocole du ministère de l’Education nationale prévoit le déroulement en extérieur, « en principe », des activités physiques et sportives ou, en cas d’intempérie ou d’indisponibilité des installations, en intérieur, mais alors seulement pour des « activités de basse intensité compatibles avec le port du masque et une distanciation de deux mètres ». Par ailleurs, dans le premier degré, le ministère indique que « le non-brassage entre élèves de classes différentes doit impérativement être respecté pendant la restauration ».
« C’est une demi-réponse, car il reste dix jours de temps scolaire avant les vacances et quinze jours de vacances pour lesquels on ne sait pas comment on va accueillir les enfants dans les centres de loisirs », confie aux « Echos » Delphine Labails. La présidente de la commission éducation de l’Association des maires de France (AMF), « très amère », s’agace d’une mesure de dernière minute pour laquelle les maires n’ont pas été consultés.
« Au Congrès des maires, le président de la République nous avait dit merci, et trois semaines plus tard, il nous met devant le fait accompli comme si nous étions au début de la crise sanitaire ! déplore-t-elle. Nous allons encore devoir tout faire à la dernière minute. Il va falloir installer des réfectoires [plus vastes] dans les espaces périscolaires, tout en rouvrant des centres de vaccination et en gérant les flux des plus de 65 ans qui pourront se faire vacciner sans rendez-vous. »
« Le point dur va être sur la cantine, estime aussi Benjamin Vételé, adjoint au maire de Blois. Les réfectoires sont trop petits et l’élargissement de la pause méridienne va être difficile. » Il s’interroge aussi sur les règles de non brassage pour les centres de loisirs du mercredi après-midi. « Dans les faits, ce n’est pas réalisable », indique-t-il.
Manque d’animateurs
L’adjointe au maire de Toulouse, Marion Lalane-de Laubadère, souligne aussi les difficultés à trouver des personnels pour les collectivités, « car ils sont aussi touchés par la vague de Covid et que nous avons de plus en plus de mal à les remplacer ». Nombreuses aussi sont les collectivités qui disent manquer d’animateurs.
Le passage au niveau 3 du protocole sera-t-il efficace pour freiner le virus ? « La mesure ne sera pas suffisante, vu le taux d’incidence des 6-10 ans qui explose, selon Guislaine David, secrétaire générale du SNUipp-FSU. On met en place de nouvelles mesures alors qu’ on a assoupli les règles il y a une semaine .»
Le principal syndicat du primaire réclame le retour à la règle antérieure de fermeture d’une classe dès le premier cas de Covid. Avec le nouveau protocole, « des enfants reviennent en classe avec un test négatif puis, après un temps d’incubation de deux à trois jours, alors qu’ils ont circulé dans la classe, ils sont finalement testés positifs, ce qui provoque une augmentation de la contamination », regrette-t-elle.