L’année 2021 aura été exceptionnellement riche en rendez-vous salariaux. Juillet, octobre, et maintenant décembre… Ce jeudi, ce sera la troisième fois que la ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Amélie de Montchalin, et les syndicats se retrouvent pour parler mesures salariales à court terme. « Comme la ministre s’y est engagée, nous allons checker ce qu’il faut mettre à jour à la lumière de l’évolution de la situation économique pour 2022 », explique-t-on dans l’entourage de celle-ci.
Aucune fédération de fonctionnaires ne manquera à l’appel. Et toutes vont arriver avec une même revendication : obtenir un relèvement de la valeur du point qui sert de base au calcul de la rémunération des quelque 5,5 millions d’agents de l’Etat, des collectivités locales et des hôpitaux.
Dérapage de l’inflation
Pour la première fois, cela fera cinq ans en février prochain que ce qui a été historiquement la boussole de l’évolution du pouvoir d’achat des fonctionnaires fait du surplace . La dernière augmentation, de 0,6 %, avait été consentie à la fin de son quinquennat par François Hollande avant qu’il se soit résolu à ne pas se représenter. « Quand on regarde ce qu’a coûté le plan de relance, ce n’est pas comme si c’était ça qui ferait déborder le vase budgétaire », explique un numéro de fédération. Un sentiment partagé par tous les dirigeants syndicaux.
Pour ceux-ci, le dérapage de l’inflation et la double revalorisation du SMIC , en octobre et en janvier, qui écrase les grilles salariales, justifient plus que jamais une mesure salariale générale. Il y a « urgence », a écrit la CFDT à la ministre, affirmant que « seule une mesure générale sera de nature à revaloriser les rémunérations ».
Mais du côté syndical, l’optimisme n’est pas de mise. « Le problème, ce n’est pas le coût, c’est le calendrier politique », décrypte un syndicaliste. Si Valérie Pécresse n’est pas allée aussi loin que François Fillon en 2017, il va y avoir encore une « course à l’échalote sur le dos des fonctionnaires ». De là à juger peu probable une mesure générale, il n’y a qu’un pas.
Discussions spécifiques
A minima, il devrait y avoir des annonces pour limiter la répercussion des deux revalorisations du SMIC sur les plus bas salaires, avec un second relèvement de l’indice minimal de traitement après celui d’octobre et une répercussion en sifflet sur quelques échelons de la grille de la catégorie C, parie-t-on du côté des fédérations de la fonction publique.
Avec peut-être aussi quelques mesures catégorielles concernant les carrières notamment de la filière des travailleurs sociaux qui vient de faire grève. Les ministères concernés pourraient être appelés à ouvrir des discussions spécifiques. Comme l’a déjà fait le gouvernement avec le « Ségur » pour les soignants et le « Grenelle » pour les enseignants.
« S’il n’y a pas suffisamment de choses sur le point d’indice, nous quitterons la réunion », avertit Benoit Teste, le secrétaire général de la FSU, qui évoque la perspective d’une mobilisation sur les salaires fin janvier. La CFDT et l’Unsa comptent pour leur part « poursuivre les discussions ».
« On est au bout d’un système, il faut continuer le travail sur les grilles salariales et trouver des solutions pour améliorer les carrières des agents de catégorie B », explique Luc Farré, de l’Unsa-Fonction publique. Une conférence salariale a commencé à se réunir pour travailler sur les structures de la rémunération des fonctionnaires qui doit aboutir en février. Force ouvrière a quitté les discussions.