Depuis des semaines, l’exécutif vante une économie française dynamique comme jamais , avec des gains de pouvoir d’achat importants pour les ménages grâce à son action durant le quinquennat. Ce message a visiblement du mal à convaincre.
Si l’inquiétude générale pour la situation économique du pays diminue, elle n’en reste pas moins à un niveau élevé et s’accompagne de craintes plus fortes des Français pour leur situation personnelle. C’est ce qui ressort d’un sondage réalisé par Elabe pour « Les Echos », Radio classique et l’Institut Montaigne.
« Zone de danger »
Dans le détail, 80 % des Français se disent encore inquiets pour la situation économique du pays, soit un recul de 6 points par rapport à mai dernier. Tendance similaire pour celle concernant le niveau de la dette publique, en retrait de 5 points, à 77 %. « Il y a certes une baisse mais les craintes restent élevées, signe que nous ne sommes pas encore sortis de la zone de danger aux yeux de l’opinion », souligne Vincent Thibaut, chef de groupe pour Elabe.
Le sondeur en veut pour preuve le fait que la perspective d’un reconfinement national gagne du terrain dans les esprits : les Français sont 46 % à s’attendre à une telle mesure dans les prochaines semaines, en progression de 4 points par rapport à la mi-novembre.
Nuances dans l’opinion
Le sondage montre toutefois des nuances au sein de l’opinion sur la situation générale de l’économie. Sans surprise, les électeurs d’Emmanuel Macron se montrent les plus optimistes, avec un recul de 15 points du degré de crainte, à 67 %, quand les autres électorats sont plutôt entre 80 et 86 %. Sur la question du niveau de la dette publique, la préoccupation est la plus forte chez les anciens électeurs de François Fillon (90 %). Une situation qui devrait conforter la candidate LR à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse : celle-ci a fait du redressement des comptes publics la pierre angulaire de son programme économique .
Il faut toutefois noter que si la situation de l’économie ne rassure pas complètement les Français, ces derniers réclament une normalisation budgétaire : pour la première fois, la sortie du « quoi qu’il en coûte » devient ainsi majoritaire dans l’opinion, à 54 %, en hausse de 8 points par rapport à mai dernier. Seuls les anciens électeurs de Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon se montrent opposés à « réduire les mesures de soutien et de chômage partiel ».
Tensions sur le pouvoir d’achat
Au-delà, l’activité économique a beau repartir fortement, cela n’empêche pas les Français de se sentir de moins en moins rassurés sur leur situation financière personnelle : le niveau d’inquiétude a grimpé de 4 points par rapport à mai, à 62 %. On constate qu’elle est au plus haut pour les catégories populaires (69 %, +2 points) alors qu’elle régresse nettement pour les cadres (41 %, -7 points). Même tendance entre les habitants de zone rurale (67 %, +8 points) et ceux de l’agglomération parisienne (56 %, -4 points).
« Il faut y voir les effets des tensions sur le pouvoir d’achat, notamment celles liées aux prix de l’énergie », explique Vincent Thibault, d’autant que les craintes sur le niveau du porte-monnaie sont traditionnellement avivées par les fêtes de fin d’année. « Cette évolution confirme qu’il n’y a pas chez les Français le sentiment que les choses se sont améliorées durant le quinquennat pour leur pouvoir d’achat », pointe le sondeur, à rebours de la communication gouvernementale . De fait, même si l’inquiétude pour le pays est au plus bas depuis mai 2020, en revanche celle pour sa propre situation n’a jamais été aussi haute depuis 18 mois.