Les économistes sont comme les épidémiologistes. Avec l’émergence du nouveau variant Omicron, ils intègrent l’idée que la page du Covid-19 ne sera pas tournée en 2022. La reprise sera « sous contrainte ».
C’est d’ailleurs le titre retenu par l’Insee pour sa note de conjoncture publié mardi. Pour l’instant, l’économie résiste bien. Et l’Insee estime donc, comme la Banque de France qui a relevé ses prévisions il y a quelques jours, que la croissance devrait atteindre 6,7 % cette année.
L’institut de statistiques prévoit toujours une hausse de 0,5 % du PIB au dernier trimestre 2021. L’activité se situerait ainsi en fin d’année 0,4 % au-dessus de son niveau d’avant la crise sanitaire, avec une contribution légèrement positive du commerce extérieur, dopé par des livraisons navales.
Fin du rattrapage
Mais pour l’Insee, la période de rattrapage, après le plongeon de l’activité de 8 % l’an dernier, est bel et bien terminée. En 2022, la croissance va se tasser. Ses projections tablent sur une progression du PIB de 0,4 % au premier trimestre, puis de 0,5 % au cours des trois mois suivants. Ce scénario assurerait un acquis de croissance à fin juin 2022 de 3 %.
A ce stade, la prévision du gouvernement est de 4 % pour l’an prochain. Mathieu Plane à l’OFCE partage cet objectif : « 4 %, c’est sans doute un peu optimiste, admet-il toutefois. Mais faire des prévisions dans le contexte actuel, c’est un peu compliqué ». Certains économistes anticipent déjà une croissance inférieure, autour de 3,5 %.
La résurgence de l’épidémie crée de nouvelles incertitudes. Omicron a beau sembler moins dangereux que les variants précédents, la reprise de certains secteurs va probablement être différée. Le tourisme international et d’affaires, la restauration, l’hôtellerie : toutes ces activités risquent de souffrir. L’hypothèse retenue à ce jour par l’Insee est toutefois que les restrictions sanitaires ne seront pas durcies. Et selon ses anticipations, ce sont les services qui soutiendront la croissance l’an prochain.
Ralentissement de l’investissement
Les goulets d’étranglement continuent d’entraver la production industrielle. Dans certains secteurs, les difficultés d’approvisionnement atteignent un niveau inédit. Le secteur automobile, où les composants font défaut, tourne ainsi à 70 % de son niveau d’avant-crise. Mais l’agroalimentaire est également affecté, pénalisé par des problèmes de transport. Ces tensions ne se résorberont que très lentement, selon l’Insee.
Cette situation pèse déjà sur l’investissement des entreprises. Même s’il devrait finir l’année en forte hausse, de 12 %, il donne des signes de faiblesses depuis l’été et ne devrait progresser que modestement au premier semestre 2022 (+0,3 % attendu au premier trimestre). Des perspectives qui ont conduit l’exécutif à mettre en place un plan de soutien pour aider l’industrie à surmonter ces difficultés.
Autre conséquence de la désorganisation des chaînes de valeur : les prix de fabrication ont grimpé de 14 % sur un an, à fin octobre. Ce renchérissement devrait être de plus en plus perceptible pour le client final.
La consommation des ménages qui n’est plus inférieure que de 1 % à son niveau d’avant-crise devrait rester soutenue, malgré ces augmentations de prix qui pèseront sur le pouvoir d’achat. Selon le scénario retenu par l’Insee, elle retrouverait enfin son niveau d’avant le Covid d’ici à la fin du premier semestre 2022.