La crise n’avait pas altéré le regard négatif des Français vis-à-vis des chômeurs. La reprise l’a accentué ! C’est le constat principal qui ressort du troisième baromètre de la perception du chômage Elabe pour l’Unédic réalisé en septembre, en pleine reprise économique, et diffusé en fin de semaine dernière. Il en ressort que 43 % des sondés – actifs en ou sans emploi – estiment que les chômeurs sont responsables de leur situation. Soit 7 points de plus que lors du deuxième baromètre en juin et juillet dernier !
Invités à citer les causes principales de la perte d’emploi, avec la possibilité cocher plusieurs cases, un quart des Français répondent que « les gens ne veulent pas travailler », 7 points de plus là encore. Les hausses sont moindres mais quand même marquées pour les deux autres réponses renvoyant à l’attitude des chômeurs ou au laxisme de Pôle emploi: le «trop faible contrôle des chômeurs fraudeurs » recueille l’assentiment de 21 % des sondés (+3 points), au moment où le gouvernement veut les durcir , 19 % pour « Le montant des allocations versées » (+4 points).
Perception paradoxale
Sans renvoyer à la responsabilité des intéressés, mais de manière un peu indirecte quand même, la part des Français qui attribuent le chômage à la responsabilité générale des entreprises a baissé de 5 points, à 47 %, de 4 points pour ce qui est de leur réticence à embaucher ou par manque de postes à pourvoir.
Les évolutions de la société, délocalisations ou évolution technologique par exemple, restent toutefois la cause la plus citée. A noter que 12 % des Français relient le chômage aux immigrés qui, selon eux, prennent « une bonne partie des emplois disponibles ».
Ce qui ne change pas non plus, c’est le caractère paradoxal de cette perception négative puisque les trois quarts des Français estiment que les chômeurs sont « victimes » d’une situation davantage subie que choisie. Sauf que, en même temps, le soupçon s’est renforcé sur leurs difficultés à faire des concessions ou à préférer le non-emploi de peur de perdre leur allocation. In fine, près d’un Français sur deux (48 %, +3 points), considère que « la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi ».
Connaissance approximative
Au caractère paradoxal de ce regard s’ajoute la nature parcellaire de la connaissance du chômage sur lequel il se fonde. Taux de chômage réel, nombre de chômeurs indemnisés, montant moyen de l’allocation versée… tout cela reste assez flou pour les Français malgré une amélioration de la précision des réponses en un an.
Ce durcissement de l’opinion, les chômeurs le vivent plus mal, puisqu’ils sont un peu plus nombreux à se sentir assistés, méprisés ou paresseux. Ils sont toujours autant, plus de 45 % précisément, à s’entendre questionner avec insistance sur leur recherche d’emploi ou à susciter des doutes lorsqu’ils en font état. Cette forme « d’inquisition », comme le souligne Elabe, se nourrit d’un décalage très net entre le vécu des chômeurs et ce que les personnes en emploi pensent qu’il est.