Des pistes pour améliorer l’attractivité des métiers de la deuxième ligne

es deux expertes chargées de plancher sur la revalorisation des métiers dits de la deuxième ligne dressent un bilan mitigé des négociations de branche. Elles dénoncent des tarifs trop souvent tirés vers le bas, par l'Etat notamment.


rayon caisses

Mission terminée. Les deux expertes chargées il y a un peu plus d’un an par Elisabeth Borne de plancher sur la reconnaissance et la revalorisation des métiers dits de la deuxième ligne ont remis cette semaine leur rapport de synthèse à la ministre du Travail. Si l’identification des métiers et des effectifs concernés – 4,6 millions de personnes – puis le tableau de leurs conditions de travail particulièrement difficiles , avaient déjà été communiqués, restaient deux chapitres à écrire.

Le premier porte sur l’avancement des négociations dans les branches où sont fortement employés ces agents d’entretien, caissiers, éboueurs, ou ouvriers qualifiés des travaux publics. Bilan ? « Relativement mitigé », estime Christine Erhel, professeur au CNAM et directrice du Centre d’étude de l’emploi et du travail, le CEET, qui co-signe le rapport avec Sophie Moreau-Follenfant, directrice des ressources humaines de RTE.

Bilan de la négociation de branche mitigé

Sur la quinzaine de branches ciblées, seules quelques-unes affichent une volonté d’améliorer les choses. On y trouve la propreté, la sécurité, ou encore l’aide à domicile. « Dans l’ensemble, ces démarches apparaissent assez limitées en nombre et dans leur ampleur, s’inscrivant pour l’essentiel dans la continuité d’agendas antérieurs », constatent les rapporteuses.

Alors que le ministère entend continuer à mettre la pression sur les organisations patronales , deux éléments peuvent vraiment faire bouger les choses, estime Christine Erhel : la pénurie de main-d’oeuvre qui oblige à travailler sur l’attractivité des métiers, mais également les mouvements sociaux, comme c’est le cas dans le commerce par exemple.

Une réflexion de long terme

Dans ce contexte, les deux expertes ont décidé de formuler des recommandations dont elles n’ignorent pas qu’elles s’inscrivent dans une réflexion de long terme, quitte à dépasser le cadre de la crise sanitaire.

S’agissant des salaires, le rapport souligne que la branche reste le lieu adapté pour déterminer son évolution. Adapté oui, mais « en théorie ». D’abord parce que le dialogue social pâtit souvent de la faiblesse de la représentativité côté salariés. Ensuite, parce que le problème vient souvent de tarifs tirés vers le bas par les donneurs d’ordre, Etat inclus.

Compte épargne temps élargi

La mission préconise de prendre exemple sur l’indice Syntec. Reconnu par le ministère de l’Economie depuis 1974, cet indice mensuel de la branche de l’étude et du conseil permet aux entreprises du secteur d’actualiser leurs clauses contractuelles. Autre recommandation : calculer les exonérations de charges au niveau des minima de branche et non plus du SMIC. 

En dehors des rémunérations, la mission se penche sur les moyens de rallonger la durée des périodes travaillées, souvent hachées, par une prise en compte des temps de trajet notamment. Globalement, l’exercice d’un métier souffrant de contraintes horaires fortes pourrait donner lieu à compensation via un compte épargne temps, obligatoire et transférable, pour se former ou mener un projet personnel. C’est la logique intéressante du compte de prévention de la pénibilité , mais trop centrée sur l’industrie, estime Christine Erhel.

Contacté, le ministère du Travail indique que ces recommandations vont « alimenter » les travaux avec les branches, sans plus.


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